« Nous avons travaillé dur pendant une décennie, mais nous sommes vendus en moins d’une seconde. Indemnisation ! »


Ces derniers jours les salariés de trois sites de Coca-Cola, dans le sud-ouest et le nord-est du pays, se sont coordonnés pour une départ en grève, avec des revendications aussi légitimes que des inquiétudes justifiées : ces opérations au sommet se payent le plus souvent de changements de statuts et de conditions de travail, de baisses de salaires voire carrément de plans sociaux. « Nous avons travaillé dur pendant une décennie, mais nous sommes vendus en moins d’une seconde. Indemnisation ! » apparaissait ainsi sur une grande banderole rouge à l’entrée d’un des sites de l’usine. De façon anonyme un ouvrier précise : « Nous exigeons que l’entreprise dévoile les détails du processus de franchisation et ses projets pendant la période de transition » et qu’elle « verse des primes d’indemnisation » avant la fin de la transaction. Dans ce climat de plus en plus polarisé, il semble que des affrontements entre forces de l’ordre et grévistes aient eu lieu à Chongqing (Sud-Ouest).

Les mouvements sociaux et les grèves se multiplient en Chine dans la dernière période (ainsi dans l’électronique) et les fusions, acquisitions, délocalisations de ce genre qui s’enchaînent perturbent l’industrie chinoise, déjà affaiblie par la crise. Dans ce contexte le non-paiement des salaires est, depuis au moins 2015, une cause majeure de grèves, dont le nombre a doublé en peu de temps. Face à cela, le gouvernement parfois transige, alors que la liberté syndicale n’existe pas, mais la plupart du temps répond par la répression et l’arrestation des militants ouvriers et des avocats qui les défendent. Même s’il est très improbable que cette cession par Coca-Cola soit empêchée par ces grèves, la résistance dont elles témoignent illustre que le climat social pourrait se réchauffer plus que ne le souhaiteraient ces méga patrons et la bureaucratie de Pékin.