« Swing state »

En ce début d’après midi (heure française), les bureaux de vote des Etats de la côte Est ont ouvert les uns après les autres. La Californie, située sur la côte Ouest, se lancera le scrutin aux alentours de 16h. Au milieu de la nuit, c’est la petite ville de Dixville Notch (New Hampshire) qui a reçu les faveurs des médias, pour être la première ville – comme c’est de tradition depuis 1960 - a ouvrir son bureau de vote, réunissant 7 habitants. Ceux-ci ont donné la victoire à Hillary Clinton avec 4 voix, contre 2 pour Donald Trump et 1 voix pour le candidat indépendant Gary Johnson. Un avant-goût du résultat ?

Toujours est-il que malgré les scandales ayant émoussé la candidature Clinton, celle-ci reste encore la mieux placée dans les sondages, avec 44,9% des intentions de vote au niveau national, contre 42,7% pour Trump. Autre élément en sa faveur : les statistiques issues du « vote par anticipation » (la possibilité de voter avant la date fatidique, que près de 30% des électeurs utilisent) montrent une forte mobilisation de la communauté hispanique, notamment dans le Nevada et la Floride, ce qui pourrait grandement bénéficier à Hillary Clinton.

Quelques Etats sont néanmoins au cœur de l’attention : ceux que l’on appelle les « swing states ». Il s’agit des Etats décisifs, connus pour leur versatilité, et qui pourraient faire basculer les élections si Trump parvenait à les emporter. Il s’agit de la Floride (qui élit 29 grands électeurs), le New Hampshire (4 grands électeurs), l’Ohio (18 grands électeurs), la Caroline du Nord (15 grands électeurs), la Pennsylvanie (20 grands électeurs), le Nevada (6 grands électeurs) et l’Iowa (6 grands électeurs). Mis à part les deux derniers, ces Etats clôtureront le scrutin aux alentours entre 1h et 2h du matin heure française, ce qui permettra d’ors et déjà d’avoir une vision assez précise du résultat final.

Le grand vainqueur de cette campagne : la lassitude

En France, à en croire la ligne éditoriale des grands journaux ou même leur Une en ce matin du 8 novembre (notamment la Une de Libération, qui s’intitule « Le grand flip »), le choix semble déjà fait : les médias dominants ont choisi Hillary Clinton. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, et quelque soient les résultats annoncés dans la nuit, on peut dès maintenant affirmer que le grand vainqueur de l’élection sera la lassitude et le rejet pour le vieux bipartisme américain. D’après les sondages, 50% des électeurs n’aiment pas Hillary Clinton, et 62% n’aiment pas Donald Trump. La Une du New York Post est d’ailleurs symptomatique de cette situation (« Vote pour celui que tu deteste le moins ») :

Plus encore, 82% des américains s’estiment être dégoûtés par la campagne électorale qui a été mené depuis des mois. Pour beaucoup, le choix sera porté vers le candidat incarnant « le moindre mal », en attendant que les travailleurs et les classes populaires d’Etats-Unis se dotent d’une force politique indépendante, capable de répondre aux attaques prévues par Clinton et Trump.