Une manifestation nationale a le mérite de centraliser le mécontentement. Mais pourquoi un samedi, puisque cela implique qu’il n’y aura pas grève ? Pour faire venir les élèveset les parents, disent les organisateurs. On peut entendre l’argument, mais pour cela il aurait fallu réellement préparer, en amont, une mobilisation populaire, en prenant à témoin l’opinion publique. Dommage, dans ce cadre, de ne pas avoir privilégié la manifestation nationale avec montée sur la capitale ET la grève, d’autant plus que la mobilisation est appelée, largement, par l’ensemble des syndicats opposés à la réforme : SNES-FSU, SNEP-FSU, SNFOLC, SNETAA-FO, SFSDPEP-FO, CGT Educ’action, SNEIP-CGT, SNALC-FGAF, SIES-FAEN, SNCL-FAEN, CNGA et AD CFE-CGC, SNUEP-FSU, SUNDEP Solidaires, ainsi que plusieurs associations disciplinaires.

Car c’est bien uniquement le langage du rapport de force que les socialistes entendent, comme dans le cas des gouvernements précédents, d’ailleurs. C’est par le débrayage, en soutien de leurs collègues menacés de sanction ET en lien avec les élèves et les parents que les personnels du collège Gay-Lussac ont réussi à faire reculer la hiérarchie et l’Académie de Versailles. A une toute autre échelle, c’est la perspective qu’il faudrait que les enseignants et les personnels se fixent et exigent à leurs organisations.

C’est cette perspective d’une mobilisation dans la durée que pointait dernièrement, dans un entretien radio, la direction du SNES 93, évoquant le grand mouvement, prolongé et dur, de 1998 qui avait permis d’obtenir des postes, des moyens et des augmentations de salaire en Seine-Saint-Denis. C’est bien cela qui devrait être le cap des organisations syndicales si elles ne cultivaient pas, pour certaines, la confusion, signant d’un côté, dans le cas de la FSU, le PPCR, pour appeler dans la foulée à manifester le 8 octobre.

Il n’en reste pas moins que la manifestation de samedi, dans la situation actuelle, est un cadre à saisir. Mais il faudra aussi que l’intersyndicale, qui appelle l’ensemble des personnels à se mobiliser samedi, ainsi que les parents et les associations de spécialistes, et qui promet de « se réunir au lendemain de la manifestation », prenne des décisions conséquentes et donne des perspectives de lutte pour continuer à construire un rapport de force qui seul sera à même de faire abroger le décret.