Capture d’écran LCI

Mais nous voici au fait des éléments de langage du nouveau régime : innovation, révolution (le titre du bouquin de Macron) et étonnement : « Non seulement il a affronté le monde, mais il a étonné le monde, il a révolutionné le monde ». On sent, c’est vrai, Collomb tout étonné, peut-être même un peu piqué. On savait le pouvoir capable de renverser le langage, mais quand il se met à délirer et fantasmer à voix haute, on sent un trouble orwellien nous prendre.

En fait, c’est que Collomb n’en revient pas, manifestement, de sa nomination au ministère de l’Intérieur : ce poste de second au gouvernement, avec la prolongation de l’état d’urgence, a de quoi faire enfler la moindre grenouille.

Cette nomination n’est-elle qu’une juste rétribution de Macron pour les loyaux services et l’empressement de cet ancien de l’aile droite du PS qui a été l’un des premiers à le soutenir ? Une fois de plus, ce serait la pratique ouverte du clientélisme et des réseaux, comme on a fini par en admettre la mauvaise habitude ? Ce qui est sûr, c’est que ces pratiques n’ont rien d’innovant, en l’espèce, et Gérard Collomb ne s’est peut-être pas vu vieillir, mais tous ses éloges sonnent comme des antiphrases lorsqu’il s’agit de présenter Macron comme un homme neuf : tout le cénacle des technocrates et des anciens vient démontrer tout autre chose que l’innovation ou la nouveauté.

Ou peut-être doit-on voir plutôt un calcul très politicien dans le choix du maire de Lyon, deuxième ville de France et surtout ville laboratoire pour les pratiques policières ? On a le droit de soupçonner les relations nouées entre Macron et Collomb d’avoir été teintées dès le départ d’un souci de gestion policière : sachant qu’il devait préparer son règne, Macron a dû dès les premiers jours de sa campagne s’inquiéter des moyens policiers qui allaient être les siens.

Toujours est-il que Collomb ne se sent plus, il pleure, il adule, il est prêt pour l’onction de son patron. Voilà un chef de la police prêt à toutes les courbettes, en tout cas.