Le 16 juin, Amara Dioumassy, maçon dans une filiale de la société Urbaine de travaux, père de cinq jeunes enfants, est mort écrasé par une camionnette sur le chantier d’assainissement de la Seine à Paris, sur le bassin d’Austerlitz. Le « premier mort » sur un chantier des JO, selon Lyes Chouai, délégué syndical central CGT de la Sade, filiale de Veolia et entreprise du chauffeur de la camionnette, qui s’est entretenu avec Mediapart. « Il marchait sur la voie de circulation la plus à gauche, neutralisée pour les travaux. Il était dos à la camionnette. Elle l’a écrasé… ».

Ce chantier, dont la mairie de Paris est la maîtresse d’ouvrage, a pour but de rendre une partie de la Seine ouverte à la baignade pour 2024, afin d’accueillir des épreuves Olympiques de nage. Un projet dont la maire de Paris s’est par ailleurs félicitée devant la presse : « Les JO ont été un accélérateur extraordinaire. Sans ça, on aurait mis dix ans de plus à rendre la Seine propre ». Son but est donc de rendre plus attractive la ville dans la perspective des JO dans un délai record. Cet accélérateur extraordinaire se fait au détriment des travailleurs précaires qui y laissent leur santé et leur vie dans le cas de Amara Dioumassy, en raison « de nombreux manquements à la sécurité ».

En effet, Lyes Chouai dénonce des manquements dramatiques aux normes de sécurité. À commencer par la camionnette qui, selon le syndicaliste, ne disposait pas de bip de recul ni de personnes chargées d’assurer la sécurité autour du véhicule : « Avec la circulation des voitures à côté du chantier, le pauvre Amara... Il n’a rien entendu. » De plus, Mediapart analyse à partir de photos du site que « aucune signalisation ou délimitation pour les piétons n’était en place » sur le site du chantier. « Cela fait un an et demi qu’ils travaillaient comme ça, sans signalisation ! », explique Lyes Chouai. « Rien n’était fait, il n’y a que le rendement qui compte. », conclu-t-il.

Un accident qui est malheureusement loin de faire exception. En effet, rien que sur les chantiers des jeux Olympiques, sans compter le décès dramatique d’Amara, 87 accidents du travail ont été comptabilisés, dont 11 graves selon France Bleu. De plus, selon la CGT, « la hausse du nombre de morts au travail en France est continue entre 2010 et 2019, passant de 537 à 790, soit deux morts au travail chaque jour. ». Des chiffres qui témoignent de la dégradation meurtrière des conditions de travail pour les profits du patronat.