Dans le cadre de débats tendus à l’Assemblée Nationale, l’Exécutif avait déjà demandé hier un report des votes pour éviter qu’un amendement de suppression du premier article du projet de loi ne soit adopté. Après l’échec d’une dernière tentative de compromis ce matin lors de la rencontre entre Matignon et les députés frondeurs, puis mis devant le constat de l’absence de majorité lors d’une réunion du groupe parlementaire socialiste, Manuel Valls a convoqué une réunion extraordinaire du Conseil des Ministres à 14h30 et a obtenu l’autorisation de recourir au 49-3.

Comme prévu, la droite déposera une motion de censure. Certains députés socialistes, en plus de ceux du Front de gauche, envisagent pour la première fois soit de la voter soit de présenter une motion de censure « de gauche ».

Alors que sa politique est minoritaire à l’Assemblée comme dans l’ensemble de la population ou plus de 70% sont opposés à la fois au projet de loi travail et au recours au 49.3, le passage en force du gouvernement met en évidence à quel point la « démocratie » des institutions aux traits des plus bonapartistes de la 5ème République n’est qu’une farce visant à couvrir une vraie dictature, celle du Medef et du CAC40.

Depuis début mars des milliers de travailleurs et de jeunes se sont mobilisés contre ce projet de loi qui implique un recul majeur des acquis et droits des salariés en France. Ce n’est pas parce que le gouvernement annonce un passage en force que l’affaire est pliée. Il suffit de se rappeler qu’il y a dix ans, le Contrat Première Embauche (CPE) avait été lui aussi adopté par le biais du 49.3, avant d’avoir été retiré sous la pression de la rue.

Aujourd’hui le gouvernement Hollande-Valls a perdu toute légitimité et c’est possible de lui imposer une défaite, à condition de reprendre le chemin de la construction d’un tous ensemble. Dès ce soir à 18 heures un rassemblement est appelé par le mouvement Nuit Debout devant l’Assemblée Nationale pour protester contre le recours au 49.3. Cependant, ce qui sera décisif c’est la riposte qui se préparera dans les prochains jours, où la question de la grève reconductible sera posée dans des secteurs stratégiques comme chez les routiers et les cheminots.

La journée du 12 mai, sans appel à la grève ne suffira pas à l’évidence à faire monter d’un cran la contestation. Un appel à une grève interprofessionnelle de 48 heures le 17 et 18 mai par les directions syndicales confédérales opposées au projet de loi serait le strict minimum si l’on veut commencer à se donner les moyens de faire remballer au gouvernement sont projet de loi et son 49.3.