Fréderic Apoyo

Ce mercredi, Dieudonné a été condamné à deux mois de prison ferme et 9000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Liège, en Belgique. L’humoriste d’extrême droite, qui ne s’est pas présenté au tribunal et a donc été jugé par défaut, était poursuivi pour avoir tenu des propos "discriminatoires, antisémites, négationnistes et révisionnistes" lors d’un spectacle à Herstal le 14 mars 2012.

La sentence de ce mercredi 25 novembre à l’encontre de Dieudonné est avant tout symbolique. En effet, en dessous de 6 mois, les peines de prison ne sont pas appliquées en Belgique. Cette condamnation pour ses propos{}sur « les juifs mais aussi les handicapés et les homosexuels » est la première débouchant sur une peine de prison ferme. Le tribunal a rappelé que les limites de la liberté d’expression ont pour objet l’harmonie entre les citoyens. L’humoriste controversé a certes souvent été condamné en France, mais toujours à des amendes et à des peines de prison avec sursis.

Si Dieudonné peut toujours faire appel de la décision du tribunal, la justice belge est tout de même allée plus loin que la justice hexagonale. Cette volonté d’afficher une certaine fermeté est à replacer dans le contexte actuel en Belgique, où règne un climat de guerre et de peur. Pourtant, l’humoriste est loin d’en être à son coup d’essai. Depuis de longues années, il est l’auteur de provocations à la haine raciale, d’injures et de propos nauséabonds, comme lorsqu’il avait déclaré se sentir « Charlie Coulibaly » après les attentats de janvier.

Ce ne sont cependant pas les décisions de justice qui permettent de combattre l’idéologie réactionnaire et antisémite de cette nouvelle extrême droite « rouge brune » incarnée par Dieudonné et son comparse Alain Soral. Cette condamnation à de la prison ferme permettra à l’humoriste de se poser en victime du « Système » et de capitaliser politiquement ce nouvel épisode judicaire, comme il le fait depuis longtemps. Dieudonné est condamné mais son discours confusionniste continue à faire des émules. Loin d’être « anti-sytème », il en est le reflet. Sa popularité, comme celle des pseudos-intellectuels à la Zemmour, atteste du moment réactionnaire que traverse la France. Face à tous ceux qui, au gouvernement comme sur Youtube, cherchent à monter les travailleurs les uns contre les autres, en ressuscitant des vieux démons, se taire et attendre que justice soit faite, c’est capituler un peu… pour risquer beaucoup !