Correspondant

Les lycéens étaient d’abord réunis, sous forte surveillance policière, Place de la Nation, à 11h pour dénoncer la répression, notamment les 160 interpellations de jeunes lycéens et étudiants du 5 avril. Les prises de paroles se sont enchaînées. Les lycéens se sont joints ensuite aux salariés et aux étudiants dans un cortège dont le coup d’envoi était prévu vers 14 heures de la place de la République en direction de la Nation, derrière Philippe Martinez (CGT), Jean-Claude Mailly (FO) et William Martinet (Unef), Bernadette Groison (FSU), Eric Beynel (Solidaires).

En tête de cortège marchaient les directions syndicales, suivies de près par les cortèges très dynamiques des étudiants et lycéens. « Ni chair à patronat ni chair à matraque, la jeunesse contre-attaque », scandaient les lycéens pour dénoncer la répression dont ils sont la cible depuis le début de la mobilisation. « C’est Etudiants et lycéens, chômeurs et salariés, c’est tous ensemble qu’il faut lutter, car c’est tous ensemble qu’on va gagner » scandait également le cortège lycéen, s’opposant à la division entre la jeunesse et les salariés que le gouvernement tente d’imposer pour éviter le « tous ensemble ».

Défilaient aussi un cortège CGT, très fourni, plutôt combatif, avec une présence importante de délégués syndicaux. A noter aussi des cortèges syndicaux sud rail, santé sociaux, moins en nombre qu’habituellement. Les professeurs des écoles du 92 et du 75 étaient également présents.

Un cortège particulièrement fourni des hospitaliers de l’AP-HP était aussi présent pour dénoncer la casse de la santé. Pour une travailleuse en hôpital psychiatrique, membre du Collectif des 39, « c’est important que plusieurs secteurs convergent vers la même direction », indiquant que si « les opérateurs du secteur psychiatrique sont mobilisés depuis des années contre les lois et réformes de leur secteur, la Loi El Khomri c’est la continuité de tout ça également ».

Place de la Bastille, le slogan le plus en vue était « grève générale, retrait total ». A noter notamment, parmi les cortèges particulièrement combatifs et dynamiques, celui de l’AG interprofessionnelle de Saint-Denis, reformant ainsi les liens noués en 2010 au cours de la bagarre contre la réforme des retraites entre lycéens, étudiants et salariés. Le beau cortège de "Nuit rouge", qui s’inscrit dans le mouvement "Nuit Debout", faisait la part belle à la Compagnie Jolie Môme, suivi de près par un cortège des intermittents du spectacle. Marie déléguée syndicale de sud PTT expliquait qu’il « faut faire en sorte de tenir et faire un maximum pour aller jusqu’au 28 et multiplier les initiatives pour faire monter la pression ». En fin de manifestation, le mouvement « Nuit Debout » invite les manifestants à se rendre place de la République. Pour des professeurs des écoles de Sartrouville, venus entre collègues à la manif, « les enseignants ne sont pas encore aux côtés des étudiants. Il est difficile de savoir ce qui va se passer mais on espère que ça va continuer et se renforcer pour déboucher sur une grève générale. Peut-être que Nuit Debout peut être un support, en ce sens ».

Mais l’ambiance chez les étudiants, les lycéens et les salariés, est toujours aussi combative, et démontre toujours autant l’envie d’en découdre. Seulement, le 28 avril, prochaine échéance de grève nationale promise par l’Intersyndicale, est bien loin, et il en faudra plus pour battre en brèche ce gouvernement et sa loi Travail. Une étincelle pourtant, un secteur clé de la production qui partirait en grève reconductible, pourrait déclencher cette dynamique, celle de la grève générale.