A l’entrée du pont de Normandie, devant près de 400 manifestants, Reynald Kubecki, délégué syndical CGT-Sidel et secrétaire de l’Union locale CGT du Havre, a relayé le rendez-vous d’une AG interprofessionnelle qui aura lieu cette après-midi à 14h30, "pour discuter ses suites du mouvement, demain et surtout la semaine prochaine". "Le gouvernement durcit le ton, alors nous aussi nous allons le durcir", s’exclamai-il sous un tonnerre d’applaudissements et de cris de lutte.

Interviewé par Révolution Permanente, Reynald Kubecki a souhaité répondre au président de la Chambre du commerce et de l’industrie (CCI) du Havre, entité gérant les deux ponts bloqués : "Il dit qu’on est en train de ternir l’image du Havre et de polluer l’économie havraise. Évidemment qu’on ralentit l’économie, mais on ne ternit pas l’image du Havre. Ceux qui ternissent cette image, ce sont les grands groupes industriels et les actionnaires, Lafarge, Sidel et les autres, qui font des plans sociaux et sont en train de réduire à peau de chagrin le bassin d’emploi. Le premier responsable, c’est le gouvernement. Nous, nous exerçons notre droit de grève en contestation".

Du côté des Sidel, comme des raffineurs de Total, plusieurs représentants syndicaux CGT étaient catégoriques sur le fait que le mouvement prenait une toute autre allure qu’en 2010. "Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que nous ne sommes pas seuls dans la bagarre", expliquait Pierre-Yves Hauguel, délégué syndical à la raffinerie Total de Gonfreville-Lorcher, dont plus une goutte de pétrole ne sort depuis le 17 mai. Ce ressenti était partagé par Sylvain Chapelle, délégué syndical CGT à Omnova Solutions (pétrochimie) : "Avec l’expérience de 2010, nous avons compris que les raffineurs ne doivent pas être isolés. C’est pour ça qu’aujourd’hui, il y a plein de secteurs qui sont en grève, et qu’on se coordonne pour mener les actions", comme en témoigne l’intersyndicale convoquée cette après-midi. "C’est important de le dire, parce que les médias focalisent sur les raffineurs, mais en fait ils sont loin d’être seuls. Notre but, c’est le retrait total de la loi travail, et on n’entend pas lâcher".

A 8h30, les manifestants ont levé le blocage pour rejoindre le centre ville par une opération escargot sur l’autoroute, drapeaux syndicaux dans le vent. Les klaxons des voitures et camions circulant sur la voie d’en face témoignaient d’un réel soutien à la mobilisation.

Les dockers ont quant à eux rejoint directement la manifestation, qui commençait à 10h30 sur le cour de la République, tout comme de nombreuses délégations de travailleurs. L’arrivée de la batucada CGT de la Centrale thermique EDF du Havre a elle aussi fait sensation, animant ensuite le cours de la manifestation, qui longe actuellement les Docks.