Certains sont déconcertés, à l’arrivée, peu avant 8h, devant Tolbiac. L’entrée de la fac, en effet, est complètement bloquée. Les grincheux sont peu nombreux et les véritables anti-bloqueurs, proches de la droite universitaire, le plus souvent, ne réussissent pas à s’opposer au barrage. En revanche, si certains étudiants ne sont pas spécialement pour le blocage, comme Morgane, en L1 de philo, « ça veut pas dire que je suis pour la loi, au contraire. Mais il faudrait plus expliquer, je crois ». On touche du doigt l’un des défis, aujourd’hui, du mouvement : être en capacité de continuer à informer pour donner des armes et d’élargir le mouvement en direction de tous ces étudiants qui, dans leur très grande majorité, sont à l’image de ces 71% de Français, opposés au projet de loi Travail qui se discute ce matin en Conseil des ministres.

L’AG de Tolbiac s’est organisée, dans la foulée, à partir de 10h30 et se poursuit en ce moment. Elle est bien plus nourrie que la semaine dernière et l’amphi N est absolument plein, avec quelques 900 étudiants. Le débat, lui, est d’une grande vitalité. Plusieurs points de vue s’expriment, parfois divergents, notamment par rapport aux modalités de la mobilisation et aux perspectives d’extension.
« L’amphi, ce n’est pas quelques tags, mardi soir, qui ont pu le dégrader, comme le dit le président, pointe un gréviste lors de son intervention, mais bien ces deux millions d’euros qui ont été rogné sur le budget de la fac ces cinq dernières années ». Les étudiants applaudissent. « Cette loi, renchérit par la suite un enseignant, solidaire du mouvement, ce n’est pas une loi pour votre avenir, quoique vous fassiez par la suite. La précarité des cadres, d’un info-graphistes, en CDD, par exemple, c’est une question centrale, et elle sera renforcée si cette loi passe ». Applaudissements à nouveau.

L’AG se poursuit et le cortège des étudiants devrait prendre la direction du rassemblement central parisien, vers 12h30. Avant les votes, cependant, il a déjà été acté que, dès demain vendredi, et ce en vue de la mobilisation à construire en direction de la journée interpro du 31, trois AG d’UFR se tiendront, en philo, en histoire et en Sciences Po. Preuve que le mouvement, à Paris 1, prend racine.