Dans une déclaration publiée durant sa campagne, Donald Trump, qui est donné favori dans la course à la nomination présidentielle du Parti républicain, a fait l’une de ses plus extrêmes promesses jusque là. Il a affirmé sa volonté de mettre en place « l’arrêt total et complet de l’entrée des musulmans aux États-Unis ».

Ce n’est pas la première fois que le candidat républicain montre ses couleurs racistes et islamophobes. En septembre, lors d’une réunion électorale, l’un de ses sympathisants a pris la parole pour évoquer « le problème musulman » aux États-Unis. Il a pris Obama, qui est pourtant protestant, comme exemple, et a demandé « comment se débarrasser d’eux. » Éminente figure du mouvement exigeant que le président rende public son acte de naissance, Trump n’a pas cherché à corriger l’amalgame. En novembre, au lendemain des attentats en France, il a proposé la fermeture de mosquées et le fichage des musulmans et assuré se souvenir de musulmans fêtant les attentats du 11 septembre 2001.

Selon Trump, le niveau de haine à l’égard des États-Unis parmi la population de confession musulmane, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays, justifierait sa nouvelle proposition. Mais les données sur lesquelles Trump se base viennent de l’Institut pour la Politique Sécuritaire (Center for Security Policy), un think-tank néo-libéral à Washington DC. Son président, Frank Gaffney, est bien connu pour ses positions islamophobes et a été caractérisé comme ayant des fantasmes paranoïaques sur la prétendue destruction de l’Occident depuis l’intérieur par les musulmans.

Cette islamophobie s’inscrit dans un racisme plus généralisé cultivé depuis bien longtemps par le candidat républicain. Cet été, Trump a déclaré par exemple que tous les Mexicains étaient des violeurs et des criminels. Lors d’une réunion électorale en novembre à Birmingham dans l’Alabama, des soutiens de Trump ont tabassé des militants du mouvement Black Lives Matter. A Boston dans le Massachusetts, deux de ses sympathisants ont piégé et violemment frappé un SDF latino. Pour expliquer leurs actions, Trump s’est contenté de dire qu’ils sont « passionnés » et qu’ils « aiment leur pays ».

La candidature de Trump, tout comme celle de Marine Le Pen du Front National « dé-diabolisé » en France, encourage les tendances les plus racistes et les plus réactionnaires des classes populaires états-uniennes à des fins électoralistes. En 2011, les Américains étaient très partagés sur la compatibilité de la religion musulmane avec « les valeurs et le mode de vie » américains. Aujourd’hui, 56 % d’entre eux considère qu’elle ne l’est pas. Et c’est au sein des deux couches de la population – Blancs protestants et ouvriers blancs – qui jugent le plus que l’islam n’est pas compatible avec le pays que Trump semble rencontrer un écho favorable.