La jeune ministre aurait-elle un cas de conscience à assumer la pire réforme que la gauche – et la droite – n’ait jamais proposé ? C’est tout du moins ce que laisse à penser son coup de mou de ce mardi. Victime d’un malaise, Myriam El Khomri a été hospitalisée ce mardi 1er mars. Ce qui aurait pu passer pour un fait divers banal. Mais quand le chef de l’Etat s’en mêle, les choses prennent tout à coup une teneur bien plus politique. Pour François Hollande, la ministre aurait été victime d’un malaise, certes, mais consécutif à un « accident domestique », une chute à proprement parler. Mais quand le président lui-même statue d’un « rien à signaler » sur l’état de santé de ses ministres, on peut tout à fait croire qu’il y a anguille sous roche.

Pourtant à en croire Jean-Marie Le Guen, les causes de ce « malaise », au sens littéral comme au figuré sont bien plus politiques. Sur France Inter, il a appelé à « la retenue » y compris de ses congénères de « gauche » et socialistes et a défendu la ministre vivement exposée aux critiques. « ce qui est vrai c’est que la manière dont cette jeune ministre est souvent attaquée, parfois par des gens de gauche, je crois, pèse beaucoup sur elle » a-t-il déclaré.

Myriam, malade de sa réforme… mais surtout de ses conséquences politiques. Pour sûr, il y a de quoi quand on voit les possibilités de mouvement qui se dessinent ces derniers jours, dans la jeunesse notamment, et que rien, y compris les reculades de Matignon qui compte avant tout jouer sur la montre pour éteindre la contestation, n’est prêt à endiguer. Le nom d’El Khomri rejoindra –t-il le cimetière politique au même titre qu’un Juppé décrié par la victoire du mouvement de 1995 ou celui d’un Villepin condamné à retirer sa réforme du CPE ? Ces événements avaient en partie grillé la carrière politique au niveau national de ces deux derniers. Et en cela, Hollande et Valls ne se sont pas trompés. En choisissant un poulain politique pour assumer la réforme la plus polémique et contestée du quinquennat, ils s’épargnent en partie le fait d’être directement visés par la contestation. C’est d’ailleurs bien ce que décrit cet ancien conseiller du ministère du travail, proche de Myriam El Khomri qui a récemment claqué la porte. « En réalité, la politique du ministère du travail se décide ailleurs, à Matignon » a déclaré Pierre Jacquemain. Pilotée par Valls et Hollande, la réforme n’en porte pas moins le nom d’El Khomri. Dur, dur de faire le sale boulot du gouvernement.