Structuration toujours plus, et nationale !

Dans le hall du bâtiment C -l’habituel amphi X ayant été « libéré » par la mobilisation ayant été mis à disposition de la « semaine des arts » - vers midi plusieurs centaines étudiants sont venus débattre en AG. Devenant maintenant presque une habitude, ce sont les compte-rendus des différentes commissions et AG de département qui ont ouvert le bal. Science-Po, Philo, Cinéma, grève reconduite. Et c’est aussi, l’Institut d’Etudes européennes qui est rentré dans la lutte contre la loi travail. Et une petite percée des historiens qui ont tout juste voté la grève !

Mais cette AG est également le moment de faire un retour des premières coordinations, Ile-de France et nationales, réunies les jours précédents. Des compte-rendus précieux, qui donnent une vision globale des différents niveaux de mobilisation à l’échelle régionale et nationale.

Ces premiers organes de structuration autonome du mouvement ont été l’occasion de débats parfois intenses sur les perspectives à lui donner. Les mandats des AG de Paris 8 ont été portés par 5 délégués et les rendez-vous bel et bien voté : ce jour même, journée nationale d’action contre la loi travail, le 24 mars manifestation nationale - et ce « même si la manifestation est interdite ! », le 31, grève générale avec l’ensemble des secteurs, lycéens, travailleurs. Et même plus : l’idée pour les étudiants et étudiantes de Paris 8 est de construire un rapport de forces qui nous permette de faire en sorte que le 31 ne soit pas une journée de grève interprofessionnelle sans lendemain mais que ça soit le début d’une grève reconductible pour obliger le gouvernement à plier et au-delà ! C’est en ce sens que la décision a été prise d’aller voir des travailleurs et travailleuses d’autres secteurs comme les cheminots, les hôpitaux, les travailleurs de la mairie, et bien d’autres, ainsi que les lycées aux alentour de l’université. Dès ce mercredi 24 mars, une délégation d’étudiants de Paris 8 sera présente au rassemblement des travailleurs de McDonald en grève appelé à 12h devant le McDo de Gare du Nord pour commencer à tisser des liens et voir les manières de lutter ensemble.

Et maintenant, quelle stratégie ?


Les discussions ont rapidement enchaîné sur un bilan de l’état de la mobilisation : beaucoup ont reconnu le cortège impressionnant de Paris 8 du 17 mars renforcé par le blocage complet et très politique de la fac le matin. Le constat est net : la mobilisation nationale a largement démarré mais avec certaines facs plus avancées que d’autres et qui ont la tâche d’entraîner celles à la traîne. La répression du 17 également est dans les esprits, avec le constat d’une stratégie de montée en puissance de la répression de la part du gouvernement, et l’idée qu’il ne faut pas se laisser intimider.

Mais reste à décider des orientations politiques que doit prendre l’AG...Après deux semaines de barrages filtrants à l’entrée de la fac, et toute une vie propre à la mobilisation en place dans l’université, l’Assemblée Générale s’est donné deux tâches pour la suite du mouvement : redoubler d’efforts pour aller convaincre les étudiants toujours absents, les personnels pas encore rencontrés, les départements dont le fonctionnement reste encore normal mais aussi durcir la mobilisation avec l’idée, de passer à la vitesse supérieure.

Différentes propositions émergent : repas convivial et réunion publique explicative de la loi travail, blocage des bâtiments à partir de mardi 29 afin de permettre aux étudiants de se mobiliser largement sans être pénalisés par les absences,une meilleure structuration des délégations tournant dans les cours, tenant des tables d’informations, des actions à Saint-Denis, le renforcement des liens avec les travailleurs… Parfois houleux, le débat sur la stratégie à adopter pour la suite est essentiel. Finalement, la fac sera bloquée entièrement jeudi mais, à l’exemple de jeudi dernier, le blocage se veut le plus convainquant possible : batucada, matériel explicatif, café, interview façons « On vaut mieux que ça », … bref un vrai bras de fer pour convaincre. Et dès la semaine prochaine, la préparation à la grève générale du 31 mars s’intensifie avec en perspective l’arrêt total de l’université, l’adresse aux travailleurs les plus proches à rejoindre le mouvement et la participation à l’Assemblée Générale Interprofessionnelle appelée à Saint-Denis le 31 au matin.

Les discussions se terminent à peine, et une manifestation dans l’université s’organise. Dans la fac, on débraye en vue du rassemblement « Ni chair à Patron, Ni chair à matraque - Tolbiac contre-attaque ! » prévu à 16h30 à Paris 1-Tolbiac dans le 13ème arrondissment pour protester contre la violente répression de jeudi dernier. Avant de partir, une délégation tentera d’arracher à Tartakowsky, la présidente de paris 8, un communiqué condamnant la répression de Paris 1 et qui a touché des étudiants de Saint-Denis. Sans succès. Visiblement, ces dangereux manifestants-terroristes ne méritent que des robot-cop. Et les 200 étudiants qui iront rejoindre Tolbiac au son de « Ni chair à patron, ni chair à matraque, reprenons, reprenons Tolbiac ! » en feront de nouveau les frais. La boucle est bouclée, et demain on continue !