Les chefs d’inculpation sont accablants : « détournement de fonds publics », « complicité et recel de détournement de fons publics », « complicité et recel d’abus de bien sociaux » et « manquement aux obligations déclaratives à la haute autorité pour la transparence de la vie publique » ; seul le chef d’accusation de « trafic d’influence » n’a pas été retenu. Malgré cela, François Fillon continue sa politique jusqu’au-boutiste qu’il avait déjà savamment préparé. Tout à fait pour que cette mise en examen puisse apparaître comme un « non-événement » : sa précédente conférence de presse avait prévenu qu’il serait surement mis en examen, et surtout, le candidat de la droite avait déjà prévenu qu’il ne reconnaissait pas la légitimité des trois juges d’instructions nommés pour suivre l’enquête.

Face à une justice que le candidat ne reconnaît désormais plus, Fillon cherche ainsi à s’en remettre aux Français, accusant les juges d’un procès politique. Pour soutenir cette accusation, l’ex-premier ministre a souligné la « façon précipitée » dont les juges l’ont mis en examen, mais aussi un « renversement de la charge de la preuve » dans l’affaire, se plaignant de devoir prouver le travail de Pénélope Fillon. Derrière Fillon, c’est toute la droite qui a suivi, dénonçant une campagne qui ne parlerait plus de politique mais des affaires de son candidat, une manière d’éviter d’aborder les affaires de corruption dont semble être coupable François Fillon, et notamment la nouvelle affaires des costumes à 35 000€ offert à Fillon, ou encore le système de « remboursement » de ses enfants lui permettant de reprendre l’argent des emplois fictifs de ceux-ci.

Derrière cette mise en examen, c’est bien la « lepénisation » de Fillon qui s’accélère, avec un des deux candidats des partis centraux de la Vème République qui refuse de se soumettre à l’autorité judiciaire pour s’en remettre « au peuple », en radicalisant son discours sur les thèmes de l’immigration, de l’islam, et de l’identité. Cependant le « feuilleton » Fillon n’est pas fini : le 28 mars, c’est au tour de Pénélope Fillon d’être entendue par les juges, avec surement à la clé une autre mise en examen. Mais malgré ces déboires d’une justice qui l’accable, François Fillon croit encore à la victoire aux présidentielles, qui serait d’ailleurs surement pour lui le seul moyen d’éviter une condamnation, tant les délais de recours et de renvois sont longs. Quoiqu’il en soit, c’est un nouveau coup dur pour celui qui voulait, il y a encore 3 mois, casser la Sécurité Sociale et supprimer 500 000 fonctionnaires.