Le Directeur Général y pleure de ses larmes de crocodile, cherchant à responsabiliser les ouvriers de la santé économique de l’entreprise,évoquant « des rares clients » et s’apitoyant sur le sort de son entreprise sur un ton qui frise le ridicule : « notre entreprise se trouve en grand danger de survie », « Nous sommes acculés, et je me battrai pour la survie de mon entreprise ». Ce courrier révèle à quel point les patrons ont besoin des travailleurs pour produire les richesses, et ne peut que conforter les ouvriers dans leur idée que leur arme pour faire valoir leurs conditions de travail et leurs emplois, c’est bel et bien la grève.

Dans une hypocrisie infâme, la direction des Fonderies du Nord prétend ignorer tout « avis de grève au plan national ou au niveau de la branche » pour la journée du 31 mars.Pourtant, les ouvriersont informé leur employeur de leur grève avec 8 jours d’anticipation, suite à l’appel national lancé par la confédération. Ils avaient d’ailleurs déjà fait l’objet d’intimidations de la part de la direction qui les avait menacés de sanctions lourdes s’ils se mettaient en grève. Le matin du 31 mars, deux des 3 ouvriers convoqués étaient à nouveau menacés par leur chef. Le lendemain même, tous 3 étaient mis à la porte de l’usine, apprenant leur mise à pied avec effet immédiat.

Cet acte ignoble de répression syndicale à l’égard de militants CGT nie purement et simplement le droit des salariés à faire grève et s’inscrit dans le contexte des attaques contre le code du travail et de la criminalisation syndicale à l’œuvre au niveau national. Des reculs que la loi travail ne ferait que renforcer et contre laquelle les travailleurs et la jeunesse ont bien raison de se mobiliser.

Mais les ouvriers ne comptent pas se laisser faire et ont bien l’intention de démontrer que si le patronat s’en prend à quiconque d’entre nous, la solidarité ouvrière sera au rendez-vous. C’est pourquoi la riposte est en train de s’organiser au niveau régional avec déjà plusieurs actions prévues. La CGT Métallurgie région Nord appelle à un rassemblement de soutien devant l’usine des Fonderies du Nord ce vendredi 8 avril à 9h30, rue de Merville, 59 190 Hazebrouck. « Ce rassemblement doit être fort et marqué par une mobilisation extrême en plein combat contre la loi El KHOMRI ». Nous saluons la solidarité des travailleurs de la région Nord et nous joignons à leur appel.

Courrier reçu le 31 mars par les 3 ouvriers :

Objet : convocation à entretien préalable à licenciement éventuel pour faute grave avec mise à pied conservatoire.

Monsieur ,

Nous envisageons de procéder à votre licenciement pour faute grave.

Alors que notre entreprise se trouve en grand danger de survie et que chaque salarié se doit d’être présent pour exécuter en temps en en heures les commandes des rares clients qui nous en font encore, nous sommes confrontés à une absence inopinée de votre part qui désorganise gravement cette production vitale. Avec deux autres salariés, vous nous indiquez devoir vous rendre à une grève et vous nous donnez comme justificatif le document joint.

Or nous n ’avons connaissance d’aucun avis de grève ni au plan national ou ni au niveau de la branche professionnelle et il n ’y a, et pour cause, aucune grève interne à notre entreprise.

Et de fait s’il y a des mouvement s sociaux ce jour aucun ne permet en réalité aux salariés de notre entreprise comme vous de se soustraire à la nécessité vitale d ’accomplir les commandes. Explication données, vous n’avez apporté aucun justificatif supplémentaire , et vous vous êtes effectivement absentés.

Nous sommes acculés, et je me battrai pour la survie de mon entreprise. Mais nous devons entendre vos réponses sur ces points avant toute décision.

En conséquence , et conformément à la loi, nous vous prions de vous présenter en nos bureaux

Le vendredi 8 avril2016 à 11 heures en vue d’un entretien préalable.

Nous vous rappelons que vous avez la possibilité de vous faire assister, pendant cet entretien, par une

personne de votre choix appartenant au personnel de l ’entreprise.

Compte tenu de la gravité des faits qui vous sont reprochés , nous vous confirmons la mise à pied conservatoire le temps d’effectuer la procédure qui vous a été donnée ce jour. Nous vous demandons en conséquence de ne pas venir travailler et de ne vous présenter à l’entreprise que pour les convocations dont vou s êtes l’objet.

Nous vous prion s d’agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.

Le Président-Directeur Général