Crédit illustration Strömquist - Editions Rackham

RP : Quand as-tu commencé à écrire et à faire tes propres bandes dessinées ? Et comment expliques-tu leur succès ?
Liv : J’ai commencé à faire mes propres bandes dessinées sous forme de fanzines à l’âge de 24 ans. J’étais inspirée par le mouvement punk « do it yourself ». Mon amie et moi faisions juste des bandes dessinées et ensuite on faisait des fêtes dans notre appartement pour les vendre. J’étais une militante de gauche radicale, féministe, engagée sur les questions de justice globale et il est devenu naturel pour moi d’écrire et de dessiner sur ces sujets.
Je lisais également beaucoup la presse people et je regardais beaucoup de mauvaise télé tout en étudiant la sociologie et la philosophie à l’université. Donc mes dessins sont un mélange de tout ça.

RP : La plupart des questions que tu abordes portent sur des sujets très intimes - le désir, l’amour, le sexe... - et tu as trouvé une façon d’en faire des bandes dessinées très drôles. Y-a-t-il une recette pour ça ?
Liv : Une grande partie de ce qui se passe dans le monde est vraiment, vraiment absurde et parfois avec du recul on a besoin d’en rire.

RP : Tu cites les auteurs que tu as utilisés pour faire ton propre travail. Lesquels ont été les plus importants, les plus déterminants ?
Liv : Karl Marx, Michel Foucault, Simone de Beauvoir. Haha… Rien que du très basique.

RP : Quelle est la réception de ton œuvre en Suède et est-elle reçue différemment ailleurs ?
Liv : Mes bd sont bien accueillies en général en Suède, et je crois également en France et en Allemagne.

Rp : Tu expliques que le sexisme a de très grandes conséquences concrètes pour les femmes ET les hommes. Quelles sont les réactions à cette idée ?
Liv : Je crois surtout que les gens qui lisent mes bd sont convaincus que j’ai raison !

Rp : En lisant ton œuvre, j ai eu ce sentiment joyeux que nous pouvons éventuellement dépasser toute cette pression sociale et nous émanciper. Est-ce également ce que tu ressens quand tu dessines ?
Liv : Je suis contente d’entendre ça ! Oui, je me sens positive et pleine d’espoir et j’essaye de me concentrer sur les solutions et je veux que le lecteur se sente inspiré et en sorte plus fort, plus émancipé.

Rp : Est-ce que tu as d’autres activités que tu considères comme politique ?
Liv : Non je travaille à temps plein sur mes bd depuis dix ans et je n’ai pas le temps pour quoi que soit d’autre.

RP : Ta dernière œuvre, « Grandeur et décadence », sera publiée en français en septembre. Tu peux nous en dire deux mots ?
Liv : Il s’agit d’aborder les grandes questions comme le changement climatique, le capitalisme et les injustices entre pauvres et riches, les grandes questions pour l’humanité, celles que personne ne se sent capable d’entendre. Mais j’essaye de les aborder avec humour, en utilisant beaucoup de couleurs et d’emojis ! A vous de me dire ce qu’il en est !

Propos recueillis par Pierre Hodel