Le scénario de la « visite surprise » de François Hollande chez les ex-Fralib ressemble comme deux gouttes d’eau au gag usé des agents du FBI arrivant trop tard dans un film catastrophe. Le chef de l’État, présent à Marseille à l’occasion d’une réunion de la Med COP traitant des enjeux climatiques, a rappelé avoir soutenu le projet … lors de la campagne présidentielle de 2012. Le candidat Hollande s’était ainsi rendu à Gémenos, puis avait participé à un meeting de soutien en Février 2012 avant de recevoir les ouvriers en lutte à l’Élysée, le 31 Août 2012. Depuis … plus rien ! Jusqu’à ce 4 Juin 2015. Entre-temps, les ex-Fralib ont dû faire face à des tentatives d’expulsion répétées et à quatre PSE de la multinationale Unilever, tous plus illégaux les uns que les autres. A la fin, il ne leur est resté d’autre choix que de mettre leurs propres indemnités de licenciement dans le financement d’une SCOP associant une partie des anciens ouvriers. A aucun moment les salariés n’ont pu compter sur la moindre aide de l’État, par le biais d’un plan de nationalisation par exemple.
Un Hollande en campagne pour 2017
La véritable surprise de la visite d’Hollande à Gémenos réside dans le rôle affiché par le chef de l’État : c’est en tant que candidat à sa propre succession qu’est apparu Hollande. Sourire, plaisanterie et rappelant à qui veut l’entendre « être le même qu’en 2012 », Hollande est clairement en campagne pour 2017, en tenant un discours plus à gauche : « Quand c’est possible, il faut qu’il y ait un chemin comme le vôtre », promettant même que l’Élysée se fournirait en thé 1336, la nouvelle marque lancée par les ex-Fralib, pour les 1336 jours de lutte qu’ils ont menée.
C’est donc un retour aux sources pour Hollande., une réactualisation de la présidence normale, en opposition à un Sarkozy de retour, traînant son image controversée, et une illusion de chef de l’Etat à visage humain et de gauche, proche de celles et ceux qui luttent. Cette visite, finalement pas si surprenante que cela, se résume à une opération de com’ en vue de 2017. Rien de plus.
Une SCOP et puis s’en va
On s’étonne pourtant de la réception faite au chef de l’Etat par les ex-Fralib Géménos. Les risettes et tasses de thé face aux caméras cachent mal les sacrifices qu’ont du faire les ex-Fralib pour en arriver là. « Condamnés à réussir » nous dit Hollande, si ce n’est que la SCOP n’a maintenu que 27 salariés sur les 182 présents en 2012... Et chacun sait les difficultés auxquelles ces mêmes salariés, devenus coopérateurs risquent d’être confrontés pour pouvoir nager dans la marée de la dure concurrence capitaliste, qui plus est en temps de crise. « Nous vous soutiendrons encore » a-t-il promis. Mais les promesses de la caste politicienne n’engagent que ceux qui les croient.
04/06/2015
