A peine remis de l’élection de Trump, l’autre côté de l’Atlantique nous réservait ce matin une bien mauvaise surprise. Comme un nouveau symptôme du « clair obscur » du vieux monde qui meurt, le chanteur et poète canadien Leonard Cohen s’est éteint à l’âge de 82 ans. Issu de la génération de chanteurs à texte nord-américain des années 60, de ceux dont la génération du baby-boom aura gratté les chansons sur leur guitare au coin du feu, Leonard Cohen sera parti avant de recevoir le prix Nobel de la littérature qu’il aurait mérité tout autant que Bob Dylan. Il emporte avec lui sa belle voix grave, ou peut-être est-ce finalement sa voix presque d’outre tombe, traversé des blizzards de glace et des orages de ses chansons, qui l’emporte avec lui.

Il part ainsi rejoindre sa muse Marianne, décédée avant lui, à qui il avait écrit il y a quelques temps seulement pour lui dire adieu en des termes prémonitoires : « Marianne, le temps est venu, nous sommes si vieux et nos corps s’effondrent, je pense que je vais te suivre très bientôt. Sache que je suis si près de toi que si tu tends la main, je pense que tu pourras attraper la mienne. (...) maintenant, je veux simplement te souhaiter un très beau voyage. Au revoir, vieille amie. Amour éternel, à bientôt sur le chemin... ». Révolution Permanente lui souhaite aussi bon voyage, à travers quelques unes de ses merveilleuses chansons. So long, Leonard...

« Where to look among the garbage and the flowers »
Suzanne, « Songs of Leonard Cohen » (1968)

« Oh please let me come into the storm »
One of us cannot be wrong, « Songs of Leonard Cohen » (1968)

« Freedom soon will come ; then we’ll come from the shadows »
The Partisan, « Songs from a Room » (1969)

« I have tried, in my way, to be free »
Bird on a wire, « Songs from a Room » (1969)

« It’s not a cry that you hear at night ; It’s not somebody who’s seen the light ; It’s a cold and it’s a broken Hallelujah  »
Hallelujah « Various Positions » (1984)
Ici en 2009, dans un de ce merveilleux live dont il avait le secret, jusqu’à la fin.