Face à la polémique qui enfle, la direction a dû reconnaître une faute dans le procédé et une grande faille dans le système d’information des ressources humaines, avec des absences de mises à jour au moment de la naturalisation et l’absence de gestion de la double nationalité. Parmi les employés contrôlés, certains avaient acquis la nationalité française depuis des dizaines d’années, et dans au moins un cas depuis la naissance… en France. Le point de départ de la « bourde » est lié, selon la direction, à la vente d’une prestation dans le cadre de la politique de diversification et la recherche de ressources propres. En effet, au-delà de 5000 euros, le code du travail prévoit la solidarité des deux entreprises contractantes en ce qui concerne la régularité du titre de séjour des salariés non ressortissants de l’Union européenne amenés à participer à l’opération. Le DRH aurait donc à ce moment-là réalisé que les données n’étaient actualisées pour quatre salariés concernés par cette vente, et aurait ainsi décidé de les mettre à jour pour l’ensemble des salariés dont le titre de séjour est temporaire.{{}}

Une explication peu convaincante

Les employés « non ressortissants de l’Union Européenne » de Radio France auraient donc exclusivement des patronymes aux consonances arabes ? Deux explications à cette contradiction : soit la direction de Radio France décide d’exploiter exclusivement des salariés « arabes » et se refuse à employer des travailleurs au patronyme italien, espagnol ou anglo-saxon, soit elle cherche dans l’urgence l’excuse la plus « légaliste » pour éteindre l’incendie.

Si la deuxième hypothèse semble la plus crédible, elle traduit aussi le racisme et les politiques discriminatoires ayant cours dans le monde du travail. Et le fait que cette affaire éclate dans le service public est d’autant plus symbolique. Comme dans l’extrait diffusé le 8 octobre sur France 2 dans l’émission « Complément d’enquête » et qui montre un patron insultant et menaçant son employé dont l’unique crime est de se nommer Mustapha, le climat dans le monde du travail et le racisme envers des travailleurs issus de l’immigration ou racisés, et plus particulièrement aux patronymes de consonance arabe, s’exacerbe de plus en plus.

La politique gouvernementale et européenne anti-migrants, tout comme les propos type « race blanche » de certains responsables politiques ne font qu’amplifier cette xénophobie ambiante, et les travailleurs issus de l’immigration subissent de plein fouet les conséquences des discours réactionnaires et racistes. Tragique ironie du sort, cette affaire Radio France éclate, à quelques jours de la commémoration des 54 ans du massacre de la population algérienne à Paris, qui manifestaient pour l’autodétermination de leur peuple. Pour le patronat et le gouvernement qui agissent de concert pour saper les droits des travailleurs, le racisme est un instrument permettant de stigmatiser et diviser pour mieux régner.