« La violence des riches » Le titre du dernier livre des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot a de beaux jours devant lui… au propre comme au figuré. Ils avaient déjà relevé, lors de l’étude des réunions préparatoires à l’installation du centre de sans-abris dans un coin huppé du 16ème arrondissement, la manière dont la violence sociale, rendue inaudible et invisible par un système qui la soutient et la permet, se transformait en agressivité physique et verbale dès lors que les privilèges accordées se trouvaient chatouillés. Les noms d’oiseaux fusaient dans la salle, alors que les « bons gens » se bousculaient pour perturber la réunion.

Leur demande de suspension ayant été déboutée par le tribunal en avril dernier, l’incendie criminel de lundi dernier constitue une nouvelle étape de franchie dans l’opposition à l’installation d’un centre de sans-abris et dans la défense du maintien d’un parfait entre-soi du quartier. Communautaristes, va ! Dans cette affaire, il est très clair que le contexte installé depuis l’annonce de la mise en place de ce centre, associé au sentiment d’impunité dont jouissent les classes possédantes, a pu donner des ailes à certains individus et à ce genre de pratique violente et criminelle : son objectif étant de faire respecter, par la force, l’ordre bourgeois qui impose et défend l’imperméabilité sociale la plus complète y compris, en allant jusqu’à s’opposer à la loi.

A une échelle microsociologique, certes, cet événement est bien la marque de la profonde immoralité de ce secteur de la population et l’absence totale de culpabilité qu’il a à utiliser la violence lorsque le droit est insuffisant pour faire respecter son intérêt. De quoi prendre de la graine pour la suite…