Dans l’Isère, la première famille à s’être faite perquisitionner ne donne plus de nouvelles depuis le 9 décembre, elle était suivie par RESF depuis deux ans. Elle a surement décidé de partir face aux pressions policières. Kenzat et Elvira, qui se sont également fait perquisitionner début décembre, ont décidé de rester malgré les pressions policières qui ont lieu quotidiennement depuis cette perquisition surprise.

Durant la perquisition dont ils n’ont jamais vu les papiers officiels, ni eu les motifs, aucun interprète n’était présent pour leur expliquer la situation, les policiers ont tout retournés, ont filmé les pièces et posé des questions sur les convictions religieuses du couple .

RESF soupçonne que cette perquisition ait été faite pour trouver les passeports du couple et ainsi les expulser plus facilement. Puisque depuis 2012, date de son arrivée en France, la famille se voit à chaque fois refuser l’asile politique, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ayant estimé la situation au Kosovo (qui est le pays d’origine de la famille) comme « stable ».

Kenzat et Elvira vivent avec leurs 3 enfants et c’est pour cela qu’ils sont suivis et ont le soutien de RESF. La fille aînée de la famille a 17 ans, elle est en deuxième année d’un CAP hôtellerie. La plus jeune, 10 ans, est en classe pour l’inclusion scolaire, niveau CE1. Le fils de 13 ans suit quant à lui une 5eSegpa (section d’enseignement général et professionnel adapté). Dans son collège, des professeurs se sont cotisés avant Noël pour aider sa famille qui vit d’une allocation de subsistance (280euros).

Depuis cette perquisition surprise, la famille vit dans la terreur.

Les enfants se sont fait fouiller leurs cartables par les gendarmes le 10 décembre.

Le 22 décembre la famille s’est vue assignée à residence, pour une durée de 45 jours renouvelables. Quand elle va pointer deux fois par semaine au commissariat les officiers de police demandent des photos de leurs enfants. Kenzat, le père des enfants à peur que ce soit pour réaliser les papiers d’expulsion alors chaque fois il n’en ramène pas.

Le 7janvier, des gendarmes se sont à nouveau rendus au domicile de la famillepour leur apporter la photocopie de la notification d’assignation à résidence et leur demander de venir le lendemain à la gendarmerie avec leur passeport. Kenzat et sa famille sont terrorisés :

« Dès qu’un voisin sonne à la porte, j’ai peur que ça soit la police qui revienne »

Voici donc le quotidien de cette famille Rrom, fait d’intimidations et de pressions policières. La situation de cette famille Rrom est donc un exemple de plus de la déferlante réactionnaire et raciste que légitime l’Etat d’urgence. Loin de servir la « lutte contre le terrorisme », celui-ci permet de renforcer et de légitimer la pression qui pèse sur les migrants, et notamment sur les populations Rroms, largement visés par le racisme d’Etat de longue date.