« « L’Imam » radical Mahjoub Mahjoubi vient d’être expulsé du territoire national, moins de 12h après son interpellation. C’est la démonstration que la loi Immigration, sans laquelle une telle expulsion aussi rapide n’aurait pas été possible, rend la France plus forte. » Ce jeudi soir, Gérald Darmanin a annoncé l’expulsion vers la Tunisie de l’imam de Bagnols-sur-Cèze, quelques heures après son interpellation devant ses enfants le matin même.

Cette annonce clôt une première séquence, marquée par le déferlement d’une campagne raciste. Depuis le week-end dernier, après avoir été interpellé par le RN sur la base de l’extrait tronqué et déformé d’un prêche eschatologique - évoquant la disparition, à la fin temps, des nationalismes qui divisent les musulmans - Darmanin a cherché à faire de cette affaire une démonstration de la dureté du gouvernement avec les étrangers.

L’expulsion brutale, justifiée par des propos tenus par l’imam, a été permise par des dispositions de la loi immigration, qui ont élargi les possibilités d’expulser certaines catégories d’étrangers en situation régulière, jusqu’ici protégés des expulsions sommaires, sous couvert d’atteinte à l’ordre public. Sur ce plan, quoi qu’on pense des prises de position réactionnaires de l’imam, l’expulsion de ce religieux vivant en France depuis 1986, père de cinq enfants français, sans passage devant un juge et sur la base d’une simple décision ministérielle est particulièrement inquiétante.

Alimentée par une campagne de surenchère des médias, de la droite et de l’extrême-droite, mettant au défi Darmanin d’aller au bout de l’expulsion, cette offensive doit être dénoncée largement. Ce cas d’école annonce en effet un saut dans les possibilités pour l’État d’expulser les étrangers, face auxquelles il faut faire front, dans la continuité de la lutte contre la loi immigration.