C’est en ce sens qu’indépendamment de la propagande orientée des médias dominants qui passent leurs temps à ressasser que le mouvement actuel s’essouffle, se basant pour cela sur les difficultés réelles du mouvement à opérer un saut, ce premier échauffement du mouvement social suscite bien des préoccupations au sein des secteurs les plus lucides de la bourgeoisie, notamment par rapport aux prochains mois.

Dans son article intitulé « La droite et le théorème El Khomri », Cécile de Cornudet souligne dans Les Echos combien le texte, « lancé depuis trois mois, (…) suscite l’hostilité toujours plus radicale de la rue. En campagne pour leur primaire, les candidats de la droite promettent tous des lois El Khomri au carré. C’est-à-dire plus audacieuses. Comment y parvenir sans réveiller la guérilla sociale ? ». La journaliste des Echos complète en mettant en exergue combien « la grogne persistante, politique et sociale, sur la loi travail n’est qu’une satisfaction de court terme pour une droite en quête d’alternance. Elle soulève des problèmes jusqu’ici irrésolus. Les Français sont-ils si ‘mûrs’ pour la réforme que ne l’affirment les candidats, sondages à l’appui ? L’opinion était favorable à la réforme du Code du travail début janvier, avant de s’y opposer massivement quand le gouvernement s’en est saisi. Le prochain président de la République, s’il est de droite, aura-t-il les coudées franches qu’ont eues ses prédécesseurs ? » Et Mme de Cornudet de conclure, sans grand optimisme : « si la timide loi El Khomri suscite une telle grogne, qu’en sera-t-il des réformes nettement plus dures promises par la droite en cas d’alternance ? »

C’est en effet ce scénario que doivent considérer les secteurs les plus avancés du mouvement, qui peinent encore à mobiliser très largement, mais qui n’ont pas à tomber dans une démoralisation circonstancielle. Indépendamment du résultat de la bagarre actuelle contre la Loi Travail, qui n’est que le premier round d’un long combat, un cycle de luttes de classe dures est en train de s’ouvrir dans l’Hexagone. C’est à ce scénario qu’il faut nous préparer.