La mode est pourtant aux politiciens qui cherchent à meubler leur traversée du désert en retournant faire leurs preuves autour du patronat, dans des écoles de commerce ou des grandes entreprises (à l’image d’Arnaud Montebourg). Emmanuel Macron, lui, n’a plus rien à faire valoir auprès des capitalistes français. C’est que le millionnaire a fait ses armes chez Rothschild. Depuis son entrée à l’Elysée en mai 2012, celui que la droite a courtisé avant qu’il rejoigne Hollande pendant sa campagne par opportunisme, a su renouveler son allégeance. Chargé de la destruction des acquis de la lutte des travailleurs au XXème siècle, Macron est le chouchou du MEDEF dans un gouvernement où chacun aimerait briller un peu plus dans les yeux de Pierre Gattaz.

Gattaz « aime bien l’initiative de Macron », s’est déclaré publiquement, et c’est bien le minimum en matière de renvoi d’ascenseur. Le jeune ministre de l’économie aura laissé son empreinte sur le quinquennat du P.S. (auquel il n’a jamais adhéré), en endossant le costume du libéralisateur frénétique. Pratique pour Hollande, de laisser le nom des autres sur les pires contre-réformes de son mandat. Utile à l’ambition politicienne de l’ex-banquier d’affaires, cette ascension sur la scène politique française. Il n’y a que Valls pour grogner contre son concurrent sur la droite du gouvernement.

La loi Macron augurait l’avalanche de coups tordus de la majorité contre le code du travail. C’était en quelque sorte la bande annonce de la « loi Travail ». Un teaser bien violent pour les salariés, concocté par l’homme qui prétendait redresser la croissance française en généralisant le travail le dimanche. A coups de 49-3, le texte de Macron a fini son périple « parlementaire » à l’été 2015.

Depuis lors Emmanuel se tourne les pouces. Car il a évité de peu la paternité de la « loi Travail ». C’est que cette dernière n’était pas assez libérale à son goût paraît-il. Mais aussi qu’en grand stratège, Hollande jugeait l’idée mauvaise de nommer la nouvelle opération commando contre les travailleurs « Macron II », il y aurait eu un risque de gronde sociale avec la provocation redondante. La chance sourit à Macron, populaire dans les sondages, aimé du patronat, et Juppé-compatible d’après Raffarin. De quoi lui donner des idées « folles » comme il ne s’en défend plus. 2017 ? Et pourquoi pas si le naufragé Hollande coule avec Valls et que Macron sait quitter le navire à temps ?