La « défiance » dont parle Alliance dans son communiqué est bien réelle. Elle s’est construite au fil des provocations policières, comme les menaces de viol dans les manifestations lycéennes, les insultes sexistes sur les « putes » et les « poufiasses » qui manifestent, ou les interpellations homophobes sur des syndicalistes cheminots. La liste est bien longue. On dirait presque que non seulement le slogan « tout le monde déteste la police » a de plus en plus de réalité, mais qu’aux yeux de plus de plus de personnes l’Etat apparaît, suivant Engels, comme rien de plus qu’ « une bande d’hommes armés ». Finalement, ni les communiqués du ministère de l’Intérieur, ni les mensonges des médias sont suffisants pour occulter le fait qu’une rupture est en train de s’opérer entre de larges couches de la jeunesse et la police.

Dénoncer ceux qui dénoncent ? Les chiens crient au loup

Le but de la manifestation de policiers du 18 mai ? Dénoncer ceux qui dénoncent les violences policières. Car la police ne supporte pas qu’on lui renvoie son image à la figure. Pourtant, la « haine anti-flic », c’est eux qui l’ont provoquée. Ultime provocation : la manif des flics pourrait se dérouler Place de la République, là où se tient Nuit debout.
Les policiers se disent « épuisés » et « fatigués ». Certains disent qu’ils vont développer des TMS sur leurs bras pour avoir trop matraqué. D’autres qu’ils ont besoins de grenades plus performantes, qu’un Rémi Fraisse ne suffit pas. Qu’ils se sentent calomniés et « stigmatisés », que pas tout le monde déteste la police. Sur ce dernier point, on peut leur donner raison : il est faux que tout le monde déteste la police, en tout cas, pas le PS, ni les patrons.

La police mutile, Cazeneuve remercie

Dans un communiqué récent du ministère de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve remercie « chaleureusement » la police de son travail dans le maintien de l’ordre et la garantie du droit de manifester. Pourtant, quiconque a participé au 1er mai dernier sait pertinemment que la police a tout essayé pour saucissonner la manifestation, dans le but d’isoler le cortège étudiant du cortège syndical, que les provocations viennent des forces de l’ordre, mais, surtout, que le recours à la violence dans la rue n’est que le reflet de la faiblesse du gouvernement.
Alliance s’indigne de « cet acharnement irresponsable à vouloir faire croire que les policiers sont des brutes sauvages qui frappent aveuglément sur la jeunesse ». Non, pas que la jeunesse : étudiants, lycéens, syndicalistes, journalistes, parfois simples passants, tout doit passer sous la matraque.

Lors d’une interpellation d’étudiants se rendant à République après le 1er mai, on a dit à la police qui contrôlait l’un de nos camarades : « nous ne vous faisons pas confiance ». Il nous a répondu : « nous non plus ». C’est la seule forme d’honnêteté qui est possible aujourd’hui entre les manifestants et les forces de l’ordre, et ce n’est pas une manifestation de flics qui va changer cela.