D’un côté, selon le gouvernement, le mouvement s’essouffle, les médias dominants affirment que la grève n’a en réalité eu aucun effet sur l’économie, et la police ne prévoit que 50000 manifestants. De l’autre, pourtant, il interdit à 130 personnes de manifester à travers un arrêté valable pour mardi après-midi sur le parcours et aux abords de la manifestation entre la place d’Italie et les Invalides. Il prévoit aussi une vingtaine d’unités de CRS et gendarmes mobiles, ou encore des contrôles préventifs et des fouilles généralisées. Les voitures stationnées sur le parcours seront enlevées. Contradictoire ?

La justification pour Michel Cadot, préfet de police de Paris, est « simple » :« il n’est pas exclu qu’il y ait des casseurs qui commettent des exactions », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. Il a évoqué une « mesure assez inhabituelle, assez massive ». On peut certes s’accorder sur le côté massif. En revanche, son caractère inhabituel reste pourtant à démontrer tant le gouvernement a usé des interdictions de manifester, notamment sur simple présomption de « violence »

L’arrêté vise selon lui des personnes qui « constituent un risque de menace et un risque de violences ». Les personnes visées ont, d’après le préfet, « fait l’objet soit d’un jugement », soit « d’une comparution judiciaire dans l’attente d’un jugement à venir » pour des « dégradations ou des violences lors de précédentes manifestations ». Au vu des interpellations à caractère massif des trois derniers mois de mobilisations contre la loi travail, ces conditions ont de quoi adresser un large spectre de manifestants.

Cette nouvelle démonstration de force répressive du gouvernement, lors de cette journée de grève nationale avec montée nationale à Paris, montre que, bien qu’affaibli, le gouvernement est déterminé et compte bien minimiser la mobilisation au maximum. La répression préventive, policière, puis judiciaire, étant à son service.