Prolongation de la durée de détention et déportation pour Abdoulaye, étudiant et militant politique menacé de mort en Guinée

Après l’arrestation et le placement en CRA (Centre de Rétention Administrative) d’Abdoulaye, le Tribunal Administratif a été saisi pour demander l’annulation de l’OQTF. Lors de son arrivée en France en avril dernier, sa demande d’asile déposée à la Préfecture de Créteil n’avait en effet pu être enregistrée. Rien d’accidentel à cela, de façon similaire un grand nombre de réfugiés ne peuvent déposer leur dossier, du fait notamment du manque de moyen largement organisé pour obtenir leur « quota » d’expulsion. Or, militant politique ayant contribué à l’organisation d’importantes manifestations contre le régime en place en Guinée Conakry, il a reçu des menaces de mort qui l’ont contraint à fuir son pays. Témoin en 2013 de la mort d’un de ses camarades de lutte et faisant l’objet de recherches, il risque l’emprisonnement voire la mort s’il y est renvoyé. L’avocat d’Abdoulaye a rappelé le contexte de grande répression policière en Guinée Conakry, qui a encore conduit il n’y a pas un mois de ça à l’assassinat par la police d’un jeune homme d’une vingtaine d’année lors d’une manifestation. Malgré l’inscription d’Abdoulaye en deuxième année de licence en Administration Economique et Sociale à l’Université de Paris 1, l’attestation de logement produite par son avocat et le péril pour sa vie, sa demande à été rejetée par la juge. Tout cela fait interroger ainsi un de ses camarades de classe présent au rassemblement : « Faut-il arriver en France dans un cercueil, ou prendre un avion diplomatique pour se voir attribuer cette carte de résident politique ? »

Ce matin une deuxième audience avait lieu au Tribunal de Grande Instance de Paris. Maintes manœuvres ont été usées pour empêcher aux étudiants venus apporté leur soutien d’assister à l’audience : changement soudain de salle, interdiction de rentrer dans la nouvelle salle bien plus exiguë, à plus de deux ou trois "proches ou membres de la famille" d’Abdoulaye, etc. L’audience, la délibération et l’annonce du jugement, après des heures d’attente ont été expédiées en quelques minutes. Le verdict : prolongation du placement en Centre de rétention et renvoi en sous 20 jours en Allemagne – sous l’effet de la procédure Dublin.

La Présidence de Paris 1 collabore...

Alertés il y a quelques jours des militants ont contacté la présidence de Paris 1 Panthéon – Sorbonne pour lui demander une lettre de soutien, attestant l’inscription à la faculté de l’étudiant menacé d’expulsion. Cette simple lettre qui aurait pu apporter une aide véritable au dossier a été refusée par Georges Haddad, nouveau président de l’université, sous prétexte « ne pas connaître suffisamment » l’étudiant en question. Or même Philippe Boutry, son prédécesseur s’étant illustré en Mars dernier en envoyant 250 CRS et 50 policiers de la BAC évacuer un amphithéâtre d’étudiants tenant une Assemblée Générale, avait toujours fini par accepter de signer la dite lettre. On notera également que Georges Haddad lors de l’entretien prend le jeune militant noir du RUSF présent pour l’étudiant sans papier, dans un étalage de racisme ordinaire. En ce sens, le président détient la palme d’or de la journée — et nous ne parlerons pas de la fermeture administrative arbitraire de Tolbiac le jeudi 15 Septembre pour empêcher la tenue d’une assemblée interfacs dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail. Nous pointons la collaboration de Georges Haddad, qui aime à se faire passer pour un "homme de gauche", à l’expulsion d’Abdoulaye et sa déportation, et sa responsabilité s’il venait à être envoyer en Guinée, suite à son renvoi en Allemagne, puis assassiné.

... Les étudiants se mobilisent, et n’est qu’un début.

Plus de cinquante personnes étaient présentes hier matin au Tribunal Administratif de Paris pour exiger la libération d’Abdoulaye et l’annulation de l’OQTF. Parmi eux des militants du RUSF (Réseau Universitaire Sans Frontière), mais en majeure partie, des étudiants de Paris 1 et d’autres facs parisiennes. Loin d’être isolé le cas d’Abdoulaye prend place dans une offensive grandissante de l’Etat contre les sans papiers et une multiplication sans précédant des OTQF. Dans un contexte où le gouvernement attise les amalgames contre les populations musulmanes ou assimilées, instrumentalisant les attentats, cette politique d’expulsion n’est qu’un autre aspect du racisme et de la xénophobie d’Etat.

En 2013 l’arrestation et l’arrêté d’expulsion de Khatchik et Leonarda avait fait se mobiliser dans la rue des milliers de lycéens. Aujourd’hui encore seule la mobilisation massive est une des conditions nécessaires pour contrer l’expulsion d’Abdoulaye, et cette nouvelle attaque xénophobe du gouvernement qui ne vise qu’à briser notre unité. Nous ne pouvons plus laisser passer sans résistance cette politique raciste et réactionnaire.
.

.