Entre attaques en règle…


Côté Républicains, pour la touche va-t-en-guerre contre le mouvement en proposant tout simplement de l’interdire, et donc de réprimer ceux qui s’y opposeraient, c’est ce cher François Fillon qui s’y colle par une prise de position lourde de sens : « Il y a une incohérence totale à maintenir l’état d’urgence et à laisser Notre-Dame-des-Landes occupée par des zadistes et la place de la République par Nuit Debout ». Si le mépris total de ce personnage envers une simple occupation ne mérite même pas qu’on y prête attention, ces paroles nous montrent à quel point l’objectif réel de l’instauration de l’état d’urgence n’est même plus caché : il est là pour réprimer les mouvements sociaux, et pas seulement les occupations. Quant au maintien de la tenue de l’Euro 2016, de la Cop21 ou des marchés de Noël, en période d’état d’urgence également, n’attendons pas une réponse de sa part.

Toujours côté Républicains, Valérie Pécresse a sans surprise dénoncé pêle-mêle les risques en termes de sécurité liés aux attentats d’un côté, et aux « violences » qui auraient été commises par les participants à la Nuit Debout de Paris samedi soir, à savoir quelques dalles retirées pour un jardin improvisé, et un départ imprévu pour un « apéro chez Valls » devant le domicile du ministre. Une nouvelle fois, le parallèle immonde entre terroristes et manifestants est discrètement glissé, et la volonté est à la fois de faire peur et de diviser. Peur et division, deux concepts largement utilisés en politique, et on est presque déçus du manque d’innovation dans les déclarations de ces deux-là. Au risque de se répéter : les vrais casseurs, ce sont ceux qui chaque jour discutent de la meilleure manière de casser nos acquis sociaux, nos libertés et nos mobilisations.

À gauche, le gouvernement qui nous fait l’honneur d’être plutôt muet depuis quelques semaines continue sur sa belle lancée. Mais quelques réactions sont apparues, à commencer par celle de Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS : « Tant que c’était bon enfant on pouvait tolérer, même si l’occupation ou la privatisation d’une place n’est pas totalement possible », nous affichant ainsi d’une part son mépris (on n’est pas des enfants, on n’est pas là pour jouer), mais aussi sa peur de voir se radicaliser une large partie du mouvement, avant, à son tour, d’agiter la menace terroriste ainsi que les habituelles joutes verbales à l’encontre des « violences » des manifestants. Décidément. Ouvrant la brèche à gauche, les soutiens n’ont pas tardé, notamment chez les maires : le maire du 11ème a rappelé qu’il faut applaudir les flics comme en janvier 2015, celui du 10ème que les violences sont inacceptables.


et récupération politique.

Prenant le contre-pied de ces réactions, en sachant qu’elles ne convaincront pas grand monde, quelques populistes ont tenu à afficher leur volonté de se joindre au mouvement. C’est notamment le cas de Nathalie Kosciusko-Morizet, la "progressiste" des Républicains qui pose dans les métros de Paris en période électorale, qui affiche son soutien à Nuit Debout et sa volonté de récupérer politiquement le mouvement dans le JDD. Ségolène Royal, quant à elle, en profite pour expliquer que le mouvement est la concrétisation de ce qu’elle préconisait déjà dans son mouvement Désir d’avenir et qu’elle est en contact direct chaque soir avec des jeunes Place de la République (!), nous offrant la plus belle récupération de la semaine… tout en expliquant derrière que les jeunes n’aiment pas être récupérés politiquement.

NKM a prévenu que la gauche risquait de « prendre des œufs et des tomates » dans la gueule si elle tentait de récupérer le mouvement. Elle a également précisé que le peuple ne différencie plus trop la droite et la gauche aujourd’hui. Donnons-lui raison, si jamais elle et ses acolytes politiciens traînent Place de la République le soir !