Vendredi, à l’occasion de son discours de rentrée, Milei avait confirmé vouloir mener à bien l’une des attaques annoncées lors de sa campagne : la fermeture de Télam (l’équivalent argentin de l’AFP). L’agence de presse publique et ses centaines de correspondants dans tout le pays sont depuis plusieurs années les cibles de la droite argentine. Mais, une forte organisation syndicale avait permis jusqu’alors d’empêcher les diverses tentatives pour imposer la fermeture de l’agence.

A minuit, lundi soir, les menaces ont franchi un nouveau cap. La police municipale a commencé à ériger une clôture devant les portes de l’agence, à Buenos Aires. Les délégués et dirigeants du SiPreBA (syndicat de la presse de Buenos Aires) ont dénoncé une « atteinte à la liberté d’expression. Ils clôturent l’accès aux locaux d’une presse publique en pleine nuit. Le gouvernement mène l’une des pires attaques contre la liberté d’expression de ces quarante dernières années ».

Aux premières heures de la matinée, le site web de l’agence a été fermé et remplacé par des armoiries nationales dans un acte clair de provocation et de censure. Les travailleurs de l’agence ont reçu un message les informant d’une « dispense de travail » d’au moins une semaine, le temps nécessaire au gouvernement pour démanteler légalement l’agence.

Les travailleurs de Télam avaient appelé ce lundi à une journée de mobilisation en réaction aux annonces de Milei, prévoyant notamment de se retrouver à 14 heures pour une assemblée générale. La réponse autoritaire du président argentin et la fermeture policière du site sont une tentative d’entraver l’organisation des travailleurs de l’agence.

Dans un communiqué commun publié ce lundi, les deux organisations syndicales majoritaires (SiPreBA et FATPREN) appellent à « faire tout ce qui est nécessaire pour défendre l’Agence nationale d’information et de publicité et ceux qui y travaillent, mais aussi le droit quotidien à la communication et à l’information dans la société argentine, ainsi que toutes les entreprises publiques ».

Les délégués et les travailleurs du siège ont appelé les salariés de la presse et les organisations à les rejoindre en solidarité pour dénoncer la fermeture, la perte de centaines d’emplois et le droit à l’information. Alors que les attaques se multiplient, notamment à Aerolinas Argentinas, géant de l’aéronautique en voie de privatisation, un plan de lutte des centrales syndicales argentines est plus que jamais nécessaire contre le « plan tronçonneuse » de Milei.