C’est au centre Tolbiac de l’Université de Paris 1 que tout a commencé. Les étudiants mobilisés sortaient tout juste de leur assemblée générale. Malgré les difficultés de mobilisation liées à l’importance de la grève dans les transports (fort heureusement !) et à la « banalisation » des cours (qui ne se disait pas son nom) accordée par la présidence, les uns après les autres prenaient la parole pour insister sur leur motivation et leur détermination d’en découdre avec ce gouvernement qui met tout en œuvre pour désagréger le mouvement et de construire une véritable convergence dans la rue aujourd’hui et par la suite.

La convergence en action dans les 5ème et 13ème arrondissements de Paris

Dans le sillage du meeting de convergence des luttes qui a rassemblé plus de 900 personnes à Tolbiac mercredi 30 mars, les étudiants de Paris 1 ont donné rendez-vous à des centaines de lycéens parisiens afin de poursuivre cette même dynamique. Une fois réunis, les jeunes sont partis à la rencontre des salariés des deux gros établissements du quartier : l’hôpital Pitié-Salpêtrière et la gare d’Austerlitz. C’était, pour eux, le premier moyen de concrétiser, dans la rue, cette aspiration à un véritable « tous ensemble » qui s’est exprimé si fortement la veille entre les murs de Tolbiac.

Ainsi, ils ont remonté la rue Nationale en scandant, le bruit des tambours au fond, des slogans comme « grève générale » ou encore « étudiants, lycéens, chômeurs et salariés, c’est tous ensemble qu’il faut lutter, c’est tous ensemble qu’on va gagner ». Arrivé devant le grand complexe hospitalier, ils ont continué à marcher, appelant les salariés qui s’entassaient aux fenêtres et faisaient des signes de solidarité avec leurs mains, à les rejoindre. « La Pitié avec nous ! La pitié avec nous ! » chantaient-ils. Le cortège a ensuite pris le boulevard de l’Hôpital afin de rejoindre les cheminots de la gare d’Austerlitz.

Les choses sont devenues plus compliquées et se sont tendues pendant quelques minutes car ils ont été accueilli dans un premier temps par des dizaines de CRS et leurs cars, la gare ayant été fermée par « précaution ». C’était cette jonction, si explosive, entre les salariés et les jeunes que le gouvernement et la police cherchaient à empêcher. Pas de bol : les cheminots ont réussi à rejoindre les jeunes mobilisés et tous ensemble ils se sont dirigés vers le point de départ de la manifestation nationale.

« Aujourd’hui dans la rue, le 5 avril, on continue ! »

La manifestation en tant que telle s’est mise en route vers 14h et les jeunes y occupaient une place centrale à sa tête. Les banderoles des universités et des lycées en lutte parsemaient le cortège sur lesquelles on lisait : « Lycées – usines – facs, Tolbiac contre-attaque » (Paris 1), « Saint Denis en lutte » (Paris 8), « Paris 7 en lutte », « EHESS contre la loi travail » ou encore « Inalco contre la loi travail ».

Depuis longtemps, les voix des personnes mobilisées n’avaient pas retenti si fort dans les rues. On entendait les manifestants scander avec enthousiasme « Oh là là, oh lé lé, de cette loi, on en veut pas ; oh là là, oh lé lé, cette loi, on va la retirer » et « De Sarkozy à El Khomri, nos vies valent plus que leurs profits ».

A la fin, l’ambiance n’était pas à la fatigue. Loin de là. En effet, tous exprimaient leur ferme volonté de poursuivre le mouvement au-delà de cette première journée réussie qui a vu plus de 1,2 millions de personnes manifester à travers le pays. La coordination nationale étudiante qui s’est tenue il y a deux semaines avait déjà prévu une nouvelle journée de mobilisation pour le 5 avril. Cette date devrait de nouveau permettre à des millions de jeunes et de travailleurs de se mettre en grève. « Aujourd’hui, dans la rue, le 5 avril, on continue » entendait-on tandis que les manifestants se dirigeaient progressivement vers le métro à Nation.

La préparation du 5 comme journée de grève et de mobilisation massive commence dès maintenant. En ce qui concerne les universités, de nouvelles assemblées générales auront lieu d’ici là et une nouvelle coordination nationale étudiante se tiendra ce week-end à Rennes. Sur les lieux du travail, il doit également en être ainsi afin d’aller vers une véritable grève générale.