La campagne, lancée par SexoSafe.fr, un site géré par Santé publique France, établissement sous la tutelle du Ministère des Affaires sociales et de la Santé, rappelle tout simplement que « les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) sont les plus touchés par le VIH et les autres IST en France » (http://sexosafe.fr/vih-ist-pourquoi-se-proteger-aujourdhui). Par conséquent, tout rapport, qu’il soit avec un inconnu, ou avec un partenaire stable, doit être protégé.

Pourtant, la vie des gays ou des séropositifs ne pèse pas très lourd pour Les Républicains et La Manif Pour Tous. La campagne de prévention contre le sida sera encore une fois l’excuse pour justifier décomplexée auprès de son électorat et devant les médias. Comme le rappelle Europe1, les affiches avaient déjà fait l’objet de vandalisme de la part de membres de La Manif Pour Tous, ce qu’avait salué Christine Boutin, condamnée il y a quelques semaines seulement pour homophobie.

Ensuite, c’est à Frédéric Poisson, grand perdant des primaires à droite, de lancer une pétition pour l’interdiction de l’affiche de prévention du sida. En grand moraliste, il pensait que la campagnefaisait la promotion de l’adultère (http://lelab.europe1.fr/poisson-demande-a-valls-le-retrait-daffiches-de-prevention-pour-les-gays-car-il-juge-quelles-font-la-promotion-de-ladultere-2904875). Invoquant la « protection des mineurs » et le respect de l’ordre public (hétérosexuel), il demandedonc dans une lettre adressée à Manuel Valls, de retirer les affiches.
Enfin, c’est le tour de Bruno Beschizza, maire de Aulnay-sous-Bois, et de Christophe Béchu, maire d’Amiens, d’essayer d’étaler leur homophobie publiquement. Se faisant concurrence dans l’abject, ils mobilisent des arguments les uns plus hypocrites que les autres. Car ce ne sont pas les publicités sexistes qui les dérangent. Ainsi, pour Beschizza, l’image d’un couple homosexuel qui s’embrasse serait « contraire aux bonnes moeurs et à la moralité » et que ces affiches porteraient « atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse ». De la même manière, Béchu évoque une campagne « volontairement choquante » qui aurait « suscité un grand émoi auprès de nombreux angevins », dont le maire en question.

Mais ce qui étonne le plus, c’est que l’« intérêt des enfants » est invoqué comme l’argument suprême pour justifier leur homophobie. Le maire d’Aulnay déclarait à BFM qu’un enfant de cinq ans peut ressentir de la « confusion dans l’esprit » en regardant les affiches, tandis que le maire d’Amiens voit un message que les enfants « sont incapables de comprendre ». Pourtant, ce que l’homophobie ordinaire des dirigeants ne réussit pas à comprendre c’est qu’un enfant a tout à gagner à apprendre dès le plus jeune âge en quoi consiste la prévention contre le sida. Comme l’affirme très justement Gwen Fauchois dans son blog, les homophobes préfèrent la contamination à voir deux hommes s’enlacersur les panneaux publicitaires de leurs villes : « ces associations, ces maires, préfèrent que des gays se contaminent plutôt que d’accepter que l’image de deux hommes s’enlaçant se banalise. Ils prétendent que deux hommes qui s’enlacent, c’est indécent. Non, ce qui est indécent c’est de préférer que des contaminations se produisent. » (http://gwenfauchois.blogspot.fr/2016/11/primaire-cest-le-terme.html)