C’est ainsi que Luc, un artiste plasticien de 46 ans, s’est fait interpellé mardi denier par deux agents de la police municipale car il fouillait dans la poubelle d’un Carrefour City. Les deux agents, loin de vouloir entendre quoique ce soit quant à sa situation précaire, lui ont à l’inverse fait écoper d’une amende de 33 euros.

Pourtant, en France la loi n’interdit pas de fouiller dans une poubelle ; seul le canton peut l’interdire par un arrêté. Cette interdiction a ainsi été mise en place dans de nombreux cantons des Hauts-de-Seine pour empêcher les plus précaires - et notamment les Rroms dans la tête des élus - de « revendre des objets trouvés dans les poubelles à moindre coût ». Si la loi considère en effet que ce qui se trouve dans les poubelles n’appartient à personne, et donc que le premier qui s’en empare en devient le propriétaire, le prétexte trouvé pour punir celles et ceux qui en réalité veulent tout simplement se nourrir en récupérant les quelques produits périmés des supermarchés reste un prétexte plus que fallacieux et hypocrite.

L’arrêté rappelle par ailleurs les nombreux moyens mis en place pour éloigner la misère des centres urbains où vivent les populations les plus aisées et les empêcher de survivre : c’est dans cette même logique que les bancs anti-SDF (ne permettant pas de se coucher) ont été installés un peu partout dans la capitale et ailleurs, ou encore que de nombreux supermarchés mettent de la javel dans les poubelles. Il s’agit-là de masquer la pauvreté et d’exclure les plus précaires de l’espace public, pour stigmatiser une pauvreté sur laquelle d’autres prospèrent.