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Contre le plan d’austérité voulu par le FMI

Quatrième jour de grève générale au Costa Rica

150.000 manifestants dans les rues de San José, la capitale d’un pays de 5 millions d’habitants : c’est l’équivalent d’une journée de mobilisation à deux ou trois millions de personne, à Paris. C’est bien ce qui a eu lieu, avant-hier, au Costa Rica, qui a vécu, ce jeudi, son quatrième jour de grève générale. Si les directions des syndicats disent ne vouloir lâcher sur rien, les grévistes, eux, souhaitent continuer jusqu’au retrait complet de la réforme fiscale voulue par le gouvernement libéral du Parti d’Action Citoyenne de Carlos Alvarado.

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Crédits photo : Claudia Marín pour El Mundo, Costa Rica
Carlos Alvarado, le nouveau président costaricain arrivé au pouvoir au début de l’année, ressemble fort à Nicolas Sarkozy lorsqu’il parlait des grèves : « quand il y en a, on ne se rend pas compte ». Cela fait néanmoins quatre jours que ce petit pays, l’un des plus stables d’Amérique centrale, est paralysé par une grève générale qui bloque l’éducation, la santé, les transports, les télécoms et les hydrocarbures. Cependant, le parti au pouvoir, le PAC, fait semblant de ne rien voir.

Le patronat, de son côté, a été obligé de demander à l’exécutif « l’interdiction de la grève » car il s’agirait d’un « mouvement injustifié », preuve que la grève a bel et bien un impact. Le principal journal économique du pays, El Financiero souligne, de son côté, que le pays est une « véritable cocotte-minute »et qu’avec la grève actuelle, c’est la « paix sociale » qui caractérisait le Costa Rica jusqu’à présent qui est partie en fumée.

Le mouvement est, en effet, un véritable catalyseur pour exprimer la colère ressentie contre ce gouvernement élu à 60% contre un candidat d’extrême droite évangéliste, le PRN. Ce qui reste des débris du vieux bipartisme a choisi, quant à eux, de soutenir cette sorte de Macron tropical.

Au cœur des revendications des manifestants il y a la réforme fiscale voulue par le gouvernement d’Alvarado. Si elle devait entrer en vigueur, elle impacterait le portefeuille des classes populaires et des salariés en général en raison de l’augmentation du taux de TVA ainsi que de la remise en cause des conquêtes sociales héritées de la guerre civile des années 1940.

Le projet de loi est soutenu par les deux vieux partis costaricains, le PLN (social-démocrate) et le PUSC (chrétien-démocrate », qui se sont partagé le pouvoir depuis 1948 avant de céder la place au phénomène PAC. Ce dernier, par ailleurs, a rapidement confirmé sa vraie nature : sous des dehors modernisateurs et anti-corruption, le PAC est le bras-armé du néolibéralisme dans le pays. En témoigne le programme que le gouvernement prétend adopter et qui a été dicté par le FMI au cours des derniers mois.

Les deux premiers jours de grèves ont donné lieu à des manifestations dans toutes les villes du pays. La troisième journée, ce mercredi, a débouché sur une manifestation-monstre dans la capitale alors que ce jeudi les barrages routiers se sont multipliés un peu partout. Le gouvernement, tout en faisant mine de négocier si la grève venait à cesser, a pris le chemin de la répression, avec l’occupation par les forces de police des installations pétrolières, dès dimanche soir, de même que la mise sous tutelle du complexe portuaire de la côté caribéenne, par où arrive et sortent les importations et exportations costaricaines, pour éviter toute action des grévistes dans ces deux secteurs stratégiques. Parallèlement, mercredi soir, les forces de répression sont intervenues contre le mouvement étudiant.

Face à un gouvernement droit dans ses bottes, les deux principaux courants syndicaux à l’origine de cet appel disent ne rien vouloir lâcher. Il s’agit maintenant de voir comment le mouvement de grève va tenir pour passer l’obstacle du week-end, le 15 étant, par ailleurs, jour de fête nationale costaricaine. Il n’en reste pas moins que dans une région dominée, aujourd’hui, par les discussions autour de la situation nicaraguayenne et les assauts du pouvoir post-sandiniste contre les manifestants qui réclament le départ d’Ortega, le Costa Rica indique une contre-tendance avec ce départ d’actions collectives des salariés, une action déterminée et dans la durée.


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