Nono Halles

En arrivant Inès constate qu’elle est la seule femme voilée sans que cela n’entraîne aucune gène chez les personnes présentes, dit-elle dans un témoignage vidéo publié par le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) « Je suis née dans cette ville. Cela fait vingt ans que j’y vis. (…) Tout le monde s’entend très bien, se respecte. Juifs, Chrétiens, Musulmans peu importe. »

Personne semble mal à l’aise de sa présence sauf l’administration qui va le lui faire comprendre. Tout d’abord la jeune fille est priée de suivre la directrice du service jeunesse et deux autres dames. Inès leur demande si c’est à propos de son voile et comprend alors qu’elle n’est pas la bienvenue. En larme, elle décide d’aller récupérer ses affaires pour partir.

Sur le départ « Une maman de confession juive qui travaille également à la mairie », outrée, aborde Inès et la soutient. « C’est inadmissible ce qu’ils vous ont fait ! On n’est pas au Moyen-Âge ! Vous devez vous battre pour vos droits ! »
Elle décide de re-rentrer dans la salle accompagnée de cette dame. Cette fois-ci c’est une secrétaire qui lui demande de « sortir d’ici  » car elle n’a pas le droit de rester. À cela Inès rétorque calmement que cette personne lui amène un règlement ou un texte de loi lui interdisant d’être présente dans un lieu public en portant le voile. On lui répète l’injonction de quitter la salle sans plus d’explications. Inès choisit tout de même de rester jusqu’à ce que sa nièce reçoive son cadeau puis de partir de cette fête gâchée par un accueil déplacé.

C’est au tour du maire, Jean-Michel Genestier (divers droite), qui passant devant la jeune femme lui envoie sans la regarder « Vous portez une tenue ostentatoire. On essaie de faire respecter les règles comme on peut. C’est pour le bien de la République  » puis continue son chemin.

La municipalité confirme l’exclusion de la jeune femme, mais se défend de l’avoir fait pour port de foulard. «  Les personnes qui étaient conviées étaient les agents municipaux, les parents proches (père, mère) et les enfants. Or, la personne qui se plaint n’est pas un agent de la ville. Le comité qui organisait l’événement a demandé à tous les non-parents de sortir », explique Alexandre Ampilhac, directeur de cabinet du maire. Selon lui, Inès n’a donc pas été la seule personne à qui il a été demandé de quitter les lieux (« plusieurs » autres seraient concernées). « Il n’a jamais été question du voile », assure-t-il.

Une pirouette censée tuer la polémique dans l’œuf. Il n’en reste pas moins que les propos de l’administration et du maire entre dans la lignée des discours xénophobes et insupportable de l’été, lors de l’épisode du burkini. L’affaire est en tout cas révélatrice du glissement sur la droite de l’échiquier politique, des conséquences directes jusque dans les petites communes et s’ancre dans un contexte réactionnaire où les actes racistes et islamophobes se multiplient.