Le tribunal a rendu son jugement ce matin : les charges portées contre Bernard Mezzadri n’auront pas été finalement retenues. Ce professeur d’université était en effet poursuivie par le parquet pour avoir cité de manière ironique, dans un mail interne à l’Université d’Avignon, les propos tenus de Manuel Valls en 2009. Ce dernier, alors maire d’Evry, avait notamment demandé qu’il y ait plus de « white et de blancos » lors de la réalisation d’un reportage télévisé dans sa ville en 2009. Mais, loin de faire le procès de la xénophobie, comme le prétendait le procureur qui mettait en avant l’accusation d’incitation à la discrimination, il s’agissait en réalité du procès de la liberté d’expression.

« Heureusement, le chef d’inculpation aberrant de racisme n’a pas été retenu contre moi » a expliqué Bernard Mezzadri à l’issue de l’audience. « Mais j’ai été sali, a-t-il poursuivi. C’est une victoire sur ma propre université, celle dans laquelle j’enseigne, puisque c’est elle qui m’a dénoncé. Et en plus, elle s’est portée partie civile contre moi pour ’provocation à la haine raciale’. Cela est particulièrement grave...  » Le procureur et l’Université peuvent toujours faire appel, mais le professeur se pose la question de demander des réparations. Car, comme il le rappelle, «  Au départ, c’est quand même moi qui ai été traité de raciste alors que je ne faisais que dénoncer avec ironie, sur le site interne de l’université, des propos tenus par le Premier ministre. Or, lui n’a jamais été poursuivi. »

La poursuite de Mezzadri avait par ailleurs suscité un élan de solidarité qui a certainement joué un rôle important dans la relaxe qui vient d’être prononcée. Plus de 10 000 personnes avaient notamment signé la pétition en sa faveur. Cette victoire, « amère » selon le principal concerné lui-même, doit servir de leçon aux universités qui veulent limiter les libertés académiques et réprimer celles et ceux qui ne se laissent pas mener au pas, et aux membres de la communauté universitaire qui subissent de manière isolée de tels actes répressifs.