Photo : POOL/AFP/Archives

« C’est le moment où jamais d’en débattre » a déclaré le 12 février sur le plateau d’Europe 1 le ministre de la Transition Ecologique, François de Rugy. 3 mois après le début du mouvement des Gilets Jaunes qui continue à se maintenir dans la durée, l’exécutif a-t-il lancé un ballon d’essai ?

Car tout le monde sait que c’est sur cette taxe du carburant que s’est cristallisée la colère des classes moyennes et populaires donnant lieu à la mobilisation des Gilets Jaunes. C’est d’ailleurs la première mesure que le premier ministre Edouard Philippe avait concédée – un gel puis après des cafouillages, une abrogation – sans que cela suffise à fermer les vannes de la colère jaune.
Y revenir pour rétablir des finances qui – sans rien lâcher sur le retour de l’ISF, ni sur la concession de milliards de crédit d’impôt aux grandes entreprises par le CICE – menacent de faire passer le déficit français dans les mauvaiss élèves de l’Europe ? Pour relancer politiquement le train des réformes que l’exécutif a temporairement suspendu face à l’offensive des Gilets Jaunes ?

On pourrait difficilement soupçonner François de Rugy, l’homme sans autre conviction que son carriérisme entré au gouvernement après la démission de Nicolas Hulot, de défaut de loyauté. Aussi, faut-il peut être y voir un énième couac dans la communication gouvernementale qui n’en est pas à son premier ballon d’essai.
Pris dans l’angoisse de jeter de l’huile sur le feu de la mobilisation des Gilets Jaunes qui persiste et tenaillé par l’envie de relancer la machine des réformes, désormais bien enrayée. Il faut dire aussi, que le dernier sursaut dans l’affaire Benalla, avec la démission d’Ismaël Emélien, proche conseiller du président, n’a rien fait pour arranger la paralysie dans laquelle la Macronie se trouve à l’heure actuelle.

Mais le couac a des valeurs illustratives : à la fois, de l’hypocrisie d’un gouvernement qui n’hésitera pas, une fois le dos et l’attention des gilets jaunes détournés, à remettre en cause toutes ses promesses. Mais aussi de la force de la mobilisation par la rue qui continue à mettre une pression politique sur un gouvernement, définitivement à la défensive.