Une hausse des tarifs pour plus d’équité ? Vraiment ?


C’est suite à une enquête lancée sous la mandature Cohen, en 2012, que la Cour Régionale des Comptes avait demandé une révision du barème des tarifs pour une « plus juste équité », en tenant compte de la variable sociale (autrement dit des revenus). Et ce, parce qu’elle estimait de façon globale (jeunes, étudiants, personnes âgées) que les tarifs étaient accordés en fonction d’un état, d’un statut (jeune/âgé) et non en fonction des besoins réels de la personne.

Les étudiants ont été choisis pour être les cobayes de cette hausse des prix, eux qui ne payaient que 10 euros depuis 2009. Pour les étudiants, le prix de l’abonnement sera donc basé sur leurs revenus globaux incluant ceux de leurs parents, et non sur leur seul statut d’étudiant ou de boursiers. Mais un tel changement pose plusieurs problèmes. En effet, cela est sans compter sur le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter avec la crise capitaliste, et l’Etat qui sabre nos aides sociales. Les APL sont constamment dans la ligne de mire du gouvernement, encore récemment le gouvernement a annoncé une réduction des APL concernant plus de 500 000 étudiants et permettant à l’Etat d’économiser 225 millions. De plus, il est de plus en plus dur d’obtenir des bourses pour étudier : celles-ci étant de plus en plus basses et restrictives quand elles ne tombent pas avec plusieurs mois de retard ! Et ce n’est pas la mesure phare du gouvernement pour la rentrée, l’ARPE, qui permettra à 126000 étudiants de voir leur bourse prolongée pour une durée allant jusqu’à 4 mois après obtention du diplôme qui vont régler le problème du chômage de masse et de la précarité.

Quelques chiffres éloquents : 75% des étudiants travaillent dans l’année pour payer leurs études, surexploités pour un salaire de misère, 50% travaillent pendant l’année scolaire et se retrouvent en échec scolaire avec 75% d’échec en L1. Ces derniers voient alors leur bourse sucrée et se retrouvent à devoir rembourser une partie pour manque d’assiduité.

Une hausse, quelle qu’elle soit, qui ne fera donc que précariser encore plus les étudiants et les milieux les plus défavorisés. Lorsque Jean-Michel Lattes, 1er adjoint au maire, en charge des déplacements, Président du SMTC TISSEO explique que « quels que soient les tarifs et le mode de calcul adopté, la tarification Jeune, à Toulouse, restera la plus généreuse et la moins chère de France » Nous savons bien qu’il ne cherche pas à choyer les étudiants toulousains. Quand on sait que les étudiants représentent 18% des usagers, le prix des transports si attractif à Toulouse permet à la ville rose de rester une destination prisée par les étudiants, mains d’œuvre précaire et corvéable..

Une hausse des tarifs, pas une fin en soi !


L’UNEF a déjà rencontré Jean-Michel Lattes en septembre, pour protester, sans résultat. Les Jeunesses Communistes sont également allés à sa rencontre et font actuellement signer une pétition en ligne sur les facs contre la hausse. Elle a déjà récolté plusieurs milliers de signatures. Ils demandent notamment à ce que la limite d’âge de moins de 26 ans passe à moins de 29 ans. Mais pour l’instant aucun résultat non plus. Pour le moment, l’initiative qui est à louer reste isolée, et ne se met pas dans la démarche de créer un rapport de force permettant de gagner. En 2009, c’est tout un mouvement qui avait permis d’envahir le conseil général et de pousser à obtenir un tarif à 10 euros !

Ce ne sont pas seulement les étudiants qui sont attaqués mais les couches les plus précarisées de la société. Réclamons la gratuité des transports pour toutes et tous ! La Cour des comptes, pourtant hostile à la gratuité nous donne des arguments pour lutter dans cette optique. Dans son rapport de 2015, elle explique qu’en 2012, les 9 milliards d’euros de dépenses pour les transports en commun étaient financés à 46% par la taxe de versement transport versée par les entreprises de plus de 11 salariés, à 35 % par les impôts locaux, et seulement à 17 % par les « recettes tarifaires ». La gratuité ne couterait qu’environ 2 milliards par an, de l’argent qu’elle arrive pourtant à trouver pour augmenter les salaires des forces de répression, et son augmentation historique de 865 millions d’euros.

L’augmentation tarifaire ne réglera pas les dépenses pour la nouvelle ligne de métro prévue ni les travaux qui fermeront la ligne A pendant les prochains été, 2017, 2018, 2019. De plus, cette somme est plus que raisonnable lorsque l’on voit que le coût de la troisième ligne de métro prévue à Toulouse coûtera environ 2 milliards d’euros pour desservir le pôle aéronautique (Airbus-Colomiers et Saint-Martin, zone aéroportuaire), à l’ouest, et, au sud-est, le futur Aerospace Campus de Montaudran et la zone de logements, en devenir, Hers-Malepère-Marcaissonne (H2M), à la lisière de Quint, Saint-Orens et Labège.. Pour servir les intérêts du grand patronat il y a de l’argent alors pourquoi pas pour nous ?