3 ans de prison, dont 18 mois avec sursis et un aménagement de peine par le biais du port d’un bracelet électronique, tel est le cynique jugement rendu 30 juin 2015 par la Cour d’Appel de Toulouse. Le 28 décembre 2008, le corps de Sarah Giraud est retrouvé sans vie dans le domicile de son compagnon. La cause officielle du décès évoque, à l’époque, une surdose de médicament. C’est en se présentant à la morgue que Carole, sa mère, découvre de multiples blessures : Bosses, mèches de cheveux arrachées, marque de strangulation au cou et yeux tuméfiés. Sous le choc, elle trouve quand même la force de prendre des photos pour forcer à l’ouverture d’une enquête sur ce qui se révèle être un féminicide. Depuis, Carole a entamé un long combat, au côté d’organisations féministes locales pour faire reconnaitre le meurtre de sa fille et faire appliquer la sentence - même minime - prononcée. En effet, l’assassin de Sarah est de fait toujours en liberté ! Carole a même croisé son chemin à plusieurs reprises dans les rues toulousaines ...

Dans un texte publié par Carole, plusieurs éléments font froid dans le dos. On y apprend, entre autres, que l’assassin de Sarah a été jugé en correctionnel. A croire que la justice estime que le meurtre d’une jeune femme relève d’un délit mineur, à l’instar d’un "simple vol de vélo". Mais ce n’est pas tout : le juge - bien conscient que le verdict de 3 ans d’emprisonnement (dont dix-huit mois avec sursis), accompagné d’une amende et d’une obligation de soins, serait loin de contenter l’assistance - a même demandé à Carole de "garder calme, dignité et de ne pas manifester à l’annonce du jugement". Ou quand la justice bourgeoise révèle son visage le plus réactionnaire et clairement son rôle de protecteur d’une société profondément patriarcale.

"Justice pour Sarah" ! Plus que jamais, le combat continu !

De courage, il est certain que Carole n’en a pas manqué. Depuis 2008, elle a écumé tous les recours possible pour que justice soit rendue, en vain. Depuis ce 30 juin 2015, elle ne cesse d’interpeller la justice et les élus locaux comme nationaux. Sur le terrain de la lutte, de nombreux rassemblements et actions ont été menés pour faire connaitre le cas de Sarah, semblable à tant d’autres. Ce mercredi, elle a mis fin à une grève de la faim entamée depuis près d’un mois devant le tribunal de grande instance de Toulouse. La raison ? A bout de force, mais la mère de Sarah compte continuer le combat jusqu’au bout.

De soutien, Carole n’en n’a pas manqué non plus. Un collectif de solidarité - rassemblant un large panel d’organisations féministes de la ville - s’est monté pour l’accompagner dans son combat et, dès le premier jour, Carole a pu compter sur l’appui du collectif Midi Pyrénées pour le Droit des Femmes. Une pétition de soutien a été lancée - et nous vous invitons à la signer et à la partager largement - recueillant à ce jour plus de 56 000 signatures.

Plus que jamais, le combat continue pour que la justice reconnaisse le meurtre de Sarah. Mais il est évident que, dans cette société patriarcale, ce cas n’est malheureusement qu’un parmi tant d’autres. Poursuivre la lutte contre toutes les formes d’oppression et de violences sexistes, apparait d’autant plus déterminant, afin que ces meurtres ne soient plus tus et la vie de toutes ces femmes gâchée. Pour Sarah et toutes les autres.