En octobre, et à l’appel de plusieurs enseignants signataires de la tribune dans Libération « Quand tout acte contestataire peut être qualifié de terrorisme », une centaine d’étudiants et d’enseignants s’étaient réunis avec l’objectif de structurer un cadre de discussion à l’université sur la radicalisation du caractère autoritaire et raciste de l’État, mais surtout de se doter de perspectives collectives de lutte, en mettant l’université et les sciences sociales à leur service. Une seconde réunion avait décidé d’appeler à un rassemblement, que Sud-Education Mirail et les syndicats étudiants ont soutenus, sur le mot d’ordre de la levée de l’état d’urgence, et pour réaffirmer la nécessité de faire front contre le racisme, l’islamophobie, les violences policières et la répression.

Regroupés autour de la banderole « Les facs contre l’état d’urgence, les lois racistes, islamophobes et répressives ! », derrière laquelle les étudiants avaient défilé l’année dernière après la promulgation de l’état d’urgence, lors d’un rassemblement dont le caractère symbolique était important, des prises de paroles se sont succédé sur le bilan officiel des Valls et Cazeneuve, et le bilan que nous, aux antipodes, nous tirons de l’état d’urgence. A été rappelé notamment qu’il y a moins d’un mois, nous commémorions les deux ans de l’assassinat de Rémi Fraisse à Sivens, et la mobilisation qui s’en était suivie au Mirail, lors de laquelle les étudiants s’étaient donné comme mot d’ordre « du fric pour les facs et les lycées, pas pour les flics ni pour l’armée », liant ainsi la lutte contre la répression et l’austérité, dans l’enseignement en particulier. Mais depuis, nous avons aussi connu la mobilisation contre la loi Travail, lors de laquelle plusieurs étudiants du Mirail ont été inculpés pour avoir manifesté et en subissent encore les retombées judiciaires, avec pour beaucoup de lourdes amendes, voire des peines de prison. Une nouvelle rencontre a été actée pour discuter des suites pour la fin novembre.

Mais comme l’a rappelé Emmanuel Barot dans son intervention : « lier le combat contre la répression à celui pour nos conditions de vie,de travailet d’études est encore plus d’actualité aujourd’hui qu’il y a deux ans ». En effet, l’université du Mirail voit en ce moment s’initier le rouleau-compresseur de la sélection dans toutes les filières au niveau L1, alors que le processus de fusion avec les autres établissements toulousains est en train de se décider à marche forcée dans le dos des intéressés, étudiants et personnels. Un projet de fusion ou de « grand établissement » toulousain signifierait, entre autres, une réduction drastique de la masse salariale, des conditions de travail gravement détériorées (des personnels administratifs se retrouvant toujours plus surchargés), et l’accélération du phénomène de « facs à deux vitesses », certaines filières intéressantes pour le « tissu économique » se retrouvant très avantagées au détriment notamment des sciences humaines et sociales. Ces attaques se placent dans la continuité des lois LRU et Fioraso, du désengagement de l’État dans l’enseignement supérieur et la recherche au profit d’investissements « extérieurs », de la gestion entrepreneuriale des universités par des présidences lancées dans une course sans fin aux financements.

Contre cette fusion, avec la question de la sélection, officiellement baptisée « contingentement », c’est une véritable campagne qu’il s’agit dorénavant de lancer, comme l’a mis en avant Léo de Solidaires EtudiantEs. Date a été prise par avance par les personnes rassemblées, dès que ces perspectives seront confirmées, pour se rendre en nombre devant l’administration de l’université le mardi 22 novembre à 9 heures lors du prochain CA, mais aussi participer à une rencontre personnels-étudiants en fin novembre ou début décembre, selon ce qui ressortira très bientôt de la réunion de l’intersyndicale de l’université qui s’est tenue jeudi dernier. Dans tous les cas, organiser une riposte à la hauteur de cette attaque frontale est incontournable et urgent.

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