A écouter les députés PS, en revanche, et au premier chef, leur premier secrétaire, certains prennent avec assez peu d’humour le phénomène. La gravité, toujours, encore. Après avoir interdit les manifestations, utilisé le 49.3, imposé une loi rejetée massivement, en viendrait-on à demander aux manifestants d’encaisser et c’est tout ?

Depuis le début contre la loi travail, selon le très très sérieux L’Opinion, pas moins de cinquante permanences PS auraient été vandalisées. Comprenez-vous, les députés ont peur. Et les éditorialistes tremblent avec eux.

Si à Toulouse, où le député Christophe Borgel a retrouvé la porte de son local emmuré, on a condamné des « actes qui n’ont rien à voir avec le débat démocratique » - pas comme celui du 49.3 à l’Assemblée-, le président du groupe PS à la mairie de Paris et maire du Xe arrondissement, Rémi Féraud qualifie quant à lui « d’extrême gravité » les derniers événements. La belle affaire pour quelques filets de peintures et du papier collé. Pour le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, le ton était à la martialité : « ces dégradations (…) sont, par essence, incompatibles avec l’exercice du pluralisme et la diversité des opinions garanties dans l’État de droit ». Et on en rigole de plus belle !

Intéressant de voir comment, quoi qu’ils en disent, la peur change de camp, et cela, à mesure qu’ils prennent conscience de la force de frappe d’un monde du travail en action. A Emmanuel Grégoire, patron du PS parisien, la palme de la lucidité : « faire le moins de pub possible », pour ne pas alimenter un climat qu’il « juge électrique ». Un climat de jacquerie, qui s’en tient pour l’instant, dans la très grande majorité des cas, aux allures d’un mardi gras. En effet, l’impunité a des limites. Celle du déni démocratique également : la preuve, l’argument de la rue et de la peur semble être le seul qu’ils entendent.