Les médias dominants avaient assuré qu’il n’y avait « rien » dans les Macron Leaks, ces échanges mail de l’équipe de campagne qui avaient fuité sur Internet. Pourtant, le passage à la moulinette fait par certains médias semble révéler à chaque fois de nouveaux scandales. Après les révélations sur le financement de sa campagne par les réseaux de la finance internationale, c’est au tour d’un député REM, Alain Tourret, député du Calvados, d’être au cœur de la tempête.

Selon Médiapart, celui-ci aurait pioché dans sa réserve parlementaire, censée servir à des fins professionnelles dans le cadre de son mandat de député, pour des fins personnelles. Vacances au Club Med au Sénégal, achat d’une télé, d’un fauteuil, des parties de golf, des tickets de cinéma. Mais aussi des retraits d’espèces (jusqu’à 2 600 euros tout de même en mai 2013), des frais d’autoroute, notes de bar et charcuteries, des repas parfois réglés dans des restaurants gastronomiques ou encore des emplettes au magasin Printemps. La liste est longue. Surtout que dans le même temps, Alain Tourret continuait de toucher ses honoraires d’avocats, à hauteur de 13.000 euros.

Interrogé par Médiapart, le député incriminé semble être plutôt gêné aux entournures. Il tente bien de justifier sur ses différentes dépenses mais finit par concéder, à propos de son voyage au Sénégal, qui ressemble fortement à un voyage de tourisme : « je comprends que mes explications puissent interpeller ». « Il est certain qu’on peut estimer que c’était plus prudent [de payer avec des fonds personnels], plus opportun si vous voulez. » Mieux. Toujours selon Médiapart, l’intéressé, informé de l’enquête, aurait entrepris de rembourser les sommes incriminées à hauteur de 16.000 euros après avoir consulté en urgence le déontologue de l’Assemblée nationale.

Une révélation qui en dit long sur le scandale de l’indemnité parlementaire (nommé IRFM) dont dispose les députés en plus de leur salaire. Celle-ci s’élève à 5 300 euros net par mois et n’est soumise à aucun contrôle car confidentielle. Si la fuite de documents n’avait pas eu lieu, on n’aurait par exemple jamais connu les arrangements faits par Alain Tourret en toute discrétion.

Mais cette révélation en dit également long sur le projet de moralisation de la vie publique promis par Macron, car Alain Tourret était l’un de ceux qui avait conseillé le nouveau président à ce sujet, et qui prévoyait notamment de modifier le régime de fonctionnement de cette fameuse indemnité parlementaire dont il a lui-même abusé. Dès lors, on comprend mieux que la « rénovation » avancée par Emmanuel Macron, qui n’est en réalité rien d’autre qu’une grande opération recyclage des anciens hommes politiques, risque fort de signifier également le recyclage du système de magouilles organisé par les parlementaires.

photo IP3 PRESS/MAXPPP