C’est la chanson que tous les dirigeants des pays impérialistes, en coalition ou chacun pour son compte, nous chantent depuis des décennies. Bannière de la liberté et de la démocratie au vent, ils assassinent sans remord des populations faibles et désarmées pour assurer leur domination dans le monde.

« Dégâts collatéraux » ? ou crime contre l’humanité…

La frappe qui a touché l’hôpital de Kunduz a été menée en pleine nuit, à 2h10 du matin. Elle visait, aux dires du colonel porte-parole de la mission de l’Alliance Atlantique en Afghanistan, « des personnes qui menaçaient les forces de coalition ». Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans ce centre de soins, situé à proximité du centre-ville. Chacun sait que du haut d’un bombardier, on ne fait pas le tri. Le risque d’atteindre des médecins et des patients était donc probable. L’horreur d’une telle perspective n’a pourtant pas arrêté la décision des forces armées.

Pire, selon Médecins Sans Frontières, les bombardements ont continué « pendant plus de 30 minutes » après que l’ONG ait averti les armées américaine et afghane que l’hôpital venait d’être touché par une frappe aérienne. « Les coordonnées GPS de l’hôpital avait d’ailleurs été communiquées à tous les belligérants » et sa position était parfaitement connue de tous. Non seulement Ils ont signé le crime, mais ils ont persisté.

Pourtant, ce centre de soins de MSF avait apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi dernier, jour de la prise de Kunduz par les Talibans, suivie de la contre-offensive des forces de sécurité afghanes. C’était le seul hôpital capable, dans cette région du nord de l’Afghanistan, de traiter des grands blessés. Il avait durant la semaine soigné 394 personnes.

Obama, rengaine tes condoléances indécentes !

Les dirigeants impérialistes sont habitués à ce genre de situations. Ils ont appris à gérer de main de maître l’insoutenable contradiction qu’il y a entre se prétendre libérateurs et démocrates en lutte contre toutes les menaces de « terrorisme » et être les premiers à commettre les pires crimes contre l’humanité.

Les armées sont à la fois des engins de mort, mais aussi des fusibles. « La bavure » est une échappatoire commode et éculée qui permet aux politiques de se dédouaner.

Le scenario est bien rôdé : 1/ On déplore les morts 2/ On admet que si c’est vrai… alors ce pourrait être un « dommage collatéral », une « bavure regrettable » 3/ On décide d’une enquête qui, on l’espère, enterrera l’affaire ou au moins repoussera à plus tard une condamnation souvent plutôt clémente.

Obama entame, le lendemain même du bombardement, le premier acte de ce mauvais théâtre en présentant ses « plus profondes condoléances ». L’OTAN suit, en reconnaissant avoir frappé « à proximité de l’hôpital » et évoque un « dommage collatéral ». De son côté, Ashton Carter, secrétaire américain de la Défense annonce qu’une "enquête exhaustive » est en cours. Mais comme les informations sortent en pleine lumière et que le témoignage de MSF semble difficile à réfuter, l’ONU commence à dénoncer une frappe "inexcusable", peut-être « criminelle ».

Impérialistes d’hier et d’aujourd’hui, tous aussi meurtriers…

Le 13 février 1945, Dresde était bombardée par les avions britanniques. Devenue ville hôpital, et sans fabrique d’arme ni défense, elle possédait 25 grandes installations médicales et abritait 750 000 réfugiés civils allemands qui campaient dans les rues. 800 bombardiers ont, à deux reprises, largué des bombes incendiaires et mis le feu d’un bout de la ville à l’autre tuant, blessant et redoublant de frappes pour anéantir ceux qui venaient secourir les blessés.

Plus près de nous dans le temps, les sept mois de raids et bombardements aériens perpétrés en 2011 en Lybie par la coalition de l’Alliance Atlantique, avec comme principales composantes l’armée française et l’armée britannique, n’ont pas épargné les civils. Sous couvert de protéger la population contre la dictature de Khadafi, les frappes ont fait plus de 72 morts civils, dont au moins 29 femmes et enfants. Ces chiffres – sans doute bien inférieurs à la réalité- ont été révélés par une enquête du New-York Times. Le journal a ainsi contraint malgré elle l’OTAN, qui avait déclaré avoir mené « une guerre propre », à reconnaître qu’il y avait peut-être eu des « erreurs », « bavures », ou « dégâts collatéraux ». Toujours la même dérobade devant la responsabilité du crime.

Plus récemment encore, Hollande chef des armées françaises, ayant décidé d’aller « lutter contre le terrorisme » en Syrie, a fait bombarder, grâce à ses chers avions commercialement juteux, des positions de Daech. L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme (OSDH) accuse ces frappes d’avoir tué 12 « enfants-soldats » qui n’avaient pas 15 ans. Là encore, le déni est de mise : « Je ne confirme aucunement ces informations », a déclaré le porte-parole de l’Élysée, Stéphane Le Foll. Du côté de l’armée, on se range derrière la parole officielle de l’Élysée. « En nous engageant sur le théâtre syrien, nous savions que nous allions nous heurter à une formidable propagande. En voici une illustration », commente une source militaire.

Il est urgent de s’opposer, chacun dans son pays, aux guerres impérialistes

Face à ces massacres on peut se sentir envahis d’un sentiment de dégoût, de révolte mais aussi d’une large sensation d’impuissance. Pourtant, il faut s’opposer, là où nous sommes, toute les fois où nous le pouvons aux décisions et aux actes qui vont porter la mort chez nos frères humains, populations paysannes et ouvrières, d’Afrique, du Moyen –Orient ou d’ailleurs… S’opposer à la fabrication et à la vente d’armements ; refuser de soutenir politiquement les guerres impérialistes menées par le gouvernement et ses forces armées au nom de « La France ». Se battre pour conquérir un pouvoir qui sera celui des travailleurs et non celui des marchands de canons.