Ce jeudi 12 décembre, dans le XIXe arrondissement de Paris, un homme âgé de 82 ans a été mortellement percuté par un équipage de la brigade de répression de l’action violente motocycliste (BRAV-M). Traversant l’avenue de Flandre, l’homme a été fauché par l’une des motos de la colonne qui quittait alors sa caserne. Grièvement blessé, la victime a été transportée aux urgences où elle est décédée, des suites d’un traumatisme crânien.

Ce drame jette une nouvelle fois la lumière sur une unité de police déjà connue pour sa grande violence. Créée peu de temps après la prise de fonction de Didier Lallement à la tête de la Préfecture de police de Paris, cette unité illustre le tournant autoritaire et répressif du régime. En effet, la BRAV-M n’est rien d’autre que la résurrection d’une brigade de policiers motorisés qui avait été interdite en 1986, du fait de leur ultra-violence, et dont le pic avait été atteint cette année-là avec le meurtre de Malik Oussekine. Mise en place pour réprimer le mouvement des Gilets Jaunes, cette unité a depuis multiplié les agressions violentes, particulièrement lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, lors de laquelle des policiers avaient notamment roulé sur un manifestant qu’ils poursuivaient ou en pointant une arme à feu, également sur des manifestants.

Saisi, suite au drame du 12 décembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « homicide involontaire par conducteur », et confié l’enquête à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et au service de traitement judiciaire des accidents (STJA) de la préfecture de police. Une nouvelle enquête visant cette brigade, qui fait déjà l’objet de plusieurs poursuites ces dernières années, notamment pour avoir tabassé gratuitement un étudiant de 22 ans ou pour avoir proféré des menaces et de violentes insultes racistes contre un manifestant.

Toutefois, comme à chaque cas de violences policières, les agents de répression qui ont tué de l’homme de 82 ans peuvent compter sur le soutien de l’institution policière. En effet, ces derniers bénéficient déjà de la défense en bloc de leur direction, qui fidèle à ses habitudes, justifie l’incident en affirmant que le vieil homme était manifestement ivre puisqu’il circulait « une bouteille à la main », que le motard ne pouvait que le percuter, au risque d’« emplafonner une camionnette garée en double file ». Or selon plusieurs sources concordantes, le passant avait traversé l’avenue alors que le feu était vert pour les piétons, tandis que les motos de l’unité de police franchissaient le passage alors que leur feu était, lui, rouge.

De quoi faire signe vers la violence toujours plus débridée de la police. Vendredi dernier, un jeune homme de 22 ans était tué à Marseille après un contrôle de police. Éjecté de son scooter lors d’une course poursuite, ce dernier est mort ses blessures sur le lieu même du drame. Un drame survenu à peine une semaine après que deux adolescents de 17 ans soient morts dans des conditions similaires en Seine et Marne. Se murant derrière le « refus d’obtempéré », que la police brandit comme véritable prétexte à ses violences et crimes, à l’image de la mort du jeune Nahel à Nanterre en juin dernier, l’institution policière rejette la faute sur les victimes, responsables de leur propre mort. Une « stratégie » qui semble devoir s’appliquer une fois de plus. Cette fois pour un piéton de 82 ans.