Jeudi dernier, la direction de l’université Humboldt à Berlin a annoncé sa décision de revenir sur la destitution d’Andrej Holm, sociologue soupçonné d’avoir collaboré avec la police secrète en République Démocratique d’Allemagne, alors que des étudiants occupent depuis trois semaines l’Institut de Sciences Politiques de l’université. En effet, réputé engagé à gauche et contre la gentrification, les étudiants estimaient que la direction de l’université utilisait le prétexte de sa supposée collaboration avec la Stasi pour pousser Holm à la porte. Cela est une pratique que les administrations d’universités à Berlin utilisent souvent pour se « débarrasser » des enseignants encombrants.

Ce retrait constitue une grande victoire pour les étudiants, qui montre que la résistance et la solidarité sont une grande arme, d’autant que la mobilisation s’est étendue à d’autres universités, comme à la FU, où s’est tenue mardi dernier une journée de débats autour du caractère non-démocratique du système de l’enseignement secondaire. 200 personnes ont pris part à des discussions sur l’enseignement critique, le rôle de la science dans les universités capitalistes, mais aussi la précarisation ou le racisme au sein de l’université, ou encore le rôle de la recherche dans les guerres impérialistes.

Á l’Université Humboldt, l’occupation s’est caractérisée par de nombreux ateliers et réunions pour faire converger les luttes des étudiants avec celles des travailleurs. Au delà de la destitution de Holm, il s’agit plus largement de lutter contre la précarisation des étudiants et du personnel, mais aussi pour la démocratisation des universités.

Alors qu’en France, les étudiants de Toulouse Le Mirail se mobilisent contre le projet de fusion des universités et la sélection à l’entrée en master, réunissant plus de 300 personnes lors de leur AG jeudi dernier, il est plus que jamais nécessaire de relier ces luttes qui ont en commun le combat contre la marchandisation du savoir.

Á Berlin, les étudiants ont fêté la décision de la présidente Sabine Kunst avec une banderole qui témoignent de leur combativité : « Holm n’est qu’un début ! ». Il s’agit maintenant d’utiliser cette victoire pour organiser d’autres actions. Une possibilité de concrétiser la politique de convergence des luttes avec les travailleurs aura lieu mardi 14 février, journée de grève pour les employés du service publics des Länder, qui appellent les étudiants, employés de l’université et tous ceux qui seront touchés par les effets de la nouvelle convention collective, à se joindre au mouvement.