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Guerre

100 milliards pour l’escalade guerrière en Ukraine : pour ses 75 ans, il faut en finir avec l’OTAN !

Pour ses 75 ans, la plus grande machine de guerre impérialiste au monde a annoncé un plan de 100 milliards d’aide supplémentaire à l’Ukraine. Une somme faramineuse qui confirme les tendances mondiales à la guerre et actualise la nécessité de défendre un programme antimilitariste et anti-impérialiste d’urgence.

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100 milliards pour l'escalade guerrière en Ukraine : pour ses 75 ans, il faut en finir avec l'OTAN !

Crédits photo : Compte X de l’État-major des armées françaises

Ce jeudi, à l’occasion des 75 ans de l’OTAN, les dirigeants de l’Alliance se sont retrouvés pour commémorer la signature du traité de Washington le 4 avril 1949 ainsi que les 25 ans de l’adhésion de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie, et les 20 ans de l’adhésion des pays Baltes, de la Slovaquie, de la Roumanie, de la Slovénie et de la Bulgarie. Entre deux déclarations nostalgiques, les pays membres ont également annoncé un plan de 100 milliards d’aide supplémentaire à l’Ukraine, une politique qui poursuit la militarisation de l’Europe pour défendre les intérêts occidentaux en Europe de l’Est.

100 milliards supplémentaires : la surenchère militaire se poursuit

L’annonce d’un plan d’aide supplémentaire à l’Ukraine s’inscrit dans la continuité d’une aggravation des tendances à la guerre entre grandes puissances et de la course à l’armement en Europe, alors que l’Union Européenne a récemment annoncé 50 milliards d’euros d’aide supplémentaire à l’Ukraine, que l’Allemagne, la Belgique et la Suède vont également lui envoyer respectivement 500 millions, 412 millions et 633 millions d’euros et que la France a acté d’une aide supplémentaire de 3 milliards d’euros dans le cadre d’un accord bilatéral avec Kiev. Une aide économique colossale qui s’accompagne d’une volonté de renforcer la production d’armes en Europe, illustrée par le lancement de projets d’usines d’armement en Ukraine et dans les pays européens quand, dans le même temps, le ministre français des Armées a, la semaine dernière, mis en scène son coup de pression aux patrons du secteur pour accélérer la production, allant jusqu’à les menacer de réquisitions.

La France est en effet à la pointe de cette surenchère militaire : fin février, le Président déclarait être ouvert à l’idée d’une intervention de troupes occidentales en Ukraine, avant d’annoncer fin mars sa volonté de faire appel à 2000 soldats étrangers pour « sécuriser » les Jeux Olympiques, en addition aux 35 000 policiers et 18 000 militaires français déjà mobilisés. Le zèle belliciste d’Emmanuel Macron lui a même valu une visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken pour la première fois depuis deux ans, dans l’objectif de discuter des « dossiers mondiaux », et notamment des « moyens de soutenir l’Ukraine ».

Antony Blinken et Sébastien Lecornu en ont d’ailleurs profité pour se balader au milieu des canons sur le site de Nexter, la filiale du groupe franco-allemand KNDS chargée de la production des canons d’artillerie Caesar livrés à Kiev ; l’occasion pour le ministre français des armées d’annoncer que leur cadence de production passerait de six à douze par mois. Ces annonces participent au tournant appelé des vœux d’Emmanuel Macron et de Sebastien Lecornu à une « économie de guerre » visant à donner une place centrale à la France dans le tournant militariste et impérialiste en Europe.

La plus grande machine de guerre impérialiste au monde fête ses 75 ans

En réalité, en fêtant le 75ème anniversaire de l’OTAN, Macron, Biden et Scholz célèbrent des centaines de guerres et des millions de morts. L’OTAN, c’est la guerre en Afghanistan et en Libye. C’est l’Irak, la guerre du Golfe et les opérations meurtrières sous couvert de « lutte contre le terrorisme ». Bien loin d’être un outil de défense de la « démocratie » comme l’expliquent ses défenseurs, il s’agit d’un outil au service des intérêts de l’impérialisme américain et de ses alliés européens, prêts à déstabiliser des régions entières pour les défendre.

À sa création en 1949, l’OTAN avait en effet pour objectif de préserver les intérêts de l’impérialisme américain et de faire face à l’avancée soviétique par le biais d’un système de « défense collective » dans lequel les États signataires du traité acceptaient de défendre n’importe lequel des membres en cas d’attaque par une puissance étrangère. Comme nous le soulignions au début de la guerre en Ukraine, « après la chute de l’URSS, la « frontière de l’OTAN » n’a cessé de se rapprocher de la Russie. D’alliance antisoviétique, l’OTAN est clairement devenue une alliance antirusse. Le revanchisme et l’irrédentisme belliqueux de Poutine et son régime ne peuvent se comprendre que comme les produits réactionnaires du monde post guerre froide, entièrement dominé par l’impérialisme occidental, après l’effondrement de l’Union soviétique. »

Si l’Alliance était en « état de mort cérébrale » selon les dires mêmes de Macron auprès de The Economist en 2019, force est de constater que deux ans après le début de la guerre en Ukraine et 75 ans après sa création, l’OTAN a renoué avec sa raison d’être. La guerre en Ukraine lui a apporté une nouvelle dynamique d’expansion, en lui permettant d’intégrer la Finlande et la Suède qui, après 70 ans de faux-semblants de neutralité — la Suède participe en réalité depuis plus de 30 ans aux opérations militaires de l’Alliance —, ont décidé de participer ouvertement à la surenchère militaire. Lors du sommet de Madrid de juin 2022, l’OTAN a ratifié son nouveau concept stratégique de « sécurité », en mettant pour la première fois l’accent sur la lutte contre l’émergence de la Chine et en permettant pour la première fois à l’Australie, au Japon, à la Nouvelle-Zélande et à la République de Corée de participer à un sommet de l’Alliance. Ces discussions se sont accompagnées de la décision d’augmenter sa force de réaction, c’est-à-dire les troupes déployables partout à tout moment, en montant leurs effectifs à plus de 300 000 soldats. Dans le même sens, l’opération « Steadfast Defender 24 » a mobilisé le 24 janvier 90 000 soldats venus des 32 pays de l’OTAN ainsi que 1100 véhicules blindés à l’occasion du plus important exercice militaire depuis la fin de la Guerre Froide. Autant d’éléments qui montrent la dynamique offensive de l’Alliance et la préparation de tous ses pays membres à des conflits de plus haute intensité.

Une unité retrouvée mais fragile

Néanmoins, comme l’explique Guillaume Lasconjarias, historien militaire et professeur associé à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne auprès de France 24, « l’Alliance est dans un état paradoxal. Elle n’a jamais été aussi rajeunie et redynamisée, n’a jamais été aussi nécessaire que ces dernières années et, en même temps, elle traverse depuis plus d’une décennie, à intervalles assez fréquents, des crises presque existentielles. » Et pour cause : l’unité retrouvée de l’OTAN reste très fragile puisqu’il existe de nombreux intérêts divergents en son sein. Le blocage des 60 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine par l’opposition républicaine au Congrès américain, en contradiction totale avec l’appel des États-Unis à accroître le soutien financier et militaire à Kiev, constitue un exemple des difficultés de l’Alliance.

Dans le même sens, la relation entre les États-Unis et l’Europe fait régulièrement l’objet de tensions. Comme l’écrit Juan Chingo dans son dernier article, « depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis garantissent la sécurité européenne tout en maintenant un contrôle politique sur le continent, en particulier sur l’Allemagne. Aujourd’hui, les puissances européennes sont de plus en plus délaissées et les États-Unis veulent se décharger sur elles du lourd fardeau que représente la gestion de la crise ukrainienne. Cette crise n’est plus la priorité de Washington, ce qui s’ajoute à l’approfondissement de la crise de la principale (bien que non exclusive) puissance hégémonique au niveau européen, à savoir l’Allemagne. Tout ceci ouvre une période de forte instabilité et de dangers dans l’un des principaux centres impérialistes. »

Ainsi, la politique des Etats-Unis qui avait permis une nouvelle solidité au bloc occidental au lendemain de l’invasion russe en Ukraine est déjà mise à mal. Les tensions entre pays européens qui ont suivi les propos va-t-en-guerre d’Emmanuel Macron ainsi que les multiples crises qui se sont ouvertes pour les occidentaux depuis le début de l’offensive militaire israélienne à Gaza ont ouvert des contradictions très importantes, alors que l’Europe connaît une militarisation accélérée.
Un danger dont les puissances européennes sont de plus en plus conscientes, la Commission européenne ayant par exemple décidé début mars de renforcer l’industrie de défense de l’UE, notamment dans la perspective de moins dépendre des États-Unis dans la production d’armements, avec comme objectif que d’ici à 2030, 50% des équipements militaires commandés par les États membres soient fournis par l’industrie européenne. Or, si Jens Stoltenberg a tenté ce jeudi de masquer ces dissensions en expliquant que « le lien entre l’Europe et l’Amérique du Nord [n’avait] jamais été aussi important », une victoire de Trump aux prochaines présidentielles pourrait signifier une distension des relations entre les deux pôles impérialistes.

Construire une opposition à la surenchère militariste devient une urgence

Pour autant, les tensions entre grandes puissances n’atténuent pas les tendances générales à la guerre ; elles les accentuent. En ce sens, les déclarations bellicistes de nos gouvernements, l’envoi d’aides supplémentaires à l’Ukraine et l’augmentation de la production militaire visent aussi à préparer une bataille des esprits et préparer la population à la possibilité d’un retour à grande échelle des guerres et du traditionnel « effort de guerre » qui va avec.

Cette préparation des esprits s’illustre en France par une tentative accrue d’embrigadement de la jeunesse et le l’enchaînement d’attaques autoritaires à l’école et à l’université, à l’image de l’interdiction de l’abaya en début d’année, de la criminalisation du soutien à la Palestine dans les facs, du retour de la question de l’uniforme et de la généralisation du SNU. Cette situation inquiétante promet également de nouvelles offensives contre nos conditions de vie, déjà illustrées par les récentes attaques contre les chômeurs et l’augmentation des jours de carence, dans l’objectif de faire payer le déficit de la France et le coût de la guerre aux travailleurs.

Les 75 ans de l’alliance des principales puissances impérialistes sont là pour nous rappeler la centralité de la lutte contre le militarisme en Europe. Pour mettre un terme aux tendances mortifères qui touchent aujourd’hui l’Europe, il est urgent de construire un véritable mouvement pour l’arrêt du militarisme et de l’armement de l’Europe, le retrait total des troupes de l’OTAN d’Europe de l’Est ainsi que son démantèlement complet !


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