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Casse des services publics

A Carhaix, la population et le personnel soignant mobilisés pour la réouverture des urgences la nuit

Depuis le début de l’été, les urgences hospitalières de Carhaix ferment la nuit faute de personnel. En réaction, plusieurs manifestations ont été organisées et la dernière s’est conclue par un envahissement de l’ARS, qui reste silencieuse face aux revendications de la population.

Loanne Ronsin

21 septembre 2023

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A Carhaix, la population et le personnel soignant mobilisés pour la réouverture des urgences la nuit

Crédits photo : Wikimédia Commons

Des urgences hospitalières fermées la nuit depuis trois mois pour « manque de personnel »

Jeudi 14 septembre, une centaine de manifestants se sont rassemblés à Quimper (Bretagne) pour exiger la réouverture des urgences hospitalières de nuit de la ville de Carhaix. Après avoir de nouveau tenté d’interpeller l’ARS, la délégation de manifestants a occupé le bâtiment et empêché la directrice régionale et la directrice du CHP - Brest (dont dépend l’hôpital de Carhaix) d’en sortir pendant près de 6 heures, pour tenter d’obtenir des revendications pourtant simples : des urgences accessibles à tous 24h/24h et 365 jours par an.

Cette mobilisation fait suite à l’annonce du maintien de la fermeture des urgences la nuit. En effet, au début de l’été, a été mis en place une cessation des services d’urgences de soir et de nuit (entre 18h30 et 8h30), décidée par manque de remplacement du personnel partant en vacances. Les habitants de Carhaix ont donc traversé un été sans services d’urgences nocturnes, qui a poussé les patients à devoir être redirigés vers des centres hospitaliers à minimum 45 minutes de route de chez eux.

Le 10 août, la directrice du centre hospitalier régional universitaire Brest-Carhaix, Florence Favrel-Feuillade avait annoncé que la situation reviendrait à la normale à partir du 1er septembre lors d’une rencontre avec le comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix, composés de membres du personnel qui veille sur les conditions de soins. Passée cette date et face à une situation inchangée, une manifestation a été appelée par différents collectifs et organisations locales le jeudi 7 septembre au départ de l’hôpital de Carhaix, en destination de Quimper pour s’adresser à des représentants de l’État.

A l’issue de cette mobilisation et des discussions avec le secrétaire général de la préfecture, l’ARS annonçait travailler à planifier une réouverture totale des urgences, 24H/24 et toute l’année. Mais depuis, la situation des urgences de l’hôpital de Carhaix n’a pas évoluée et la directrice de l’ARS s’est même targuée lors de l’envahissement jeudi dernier que « la continuité des services à Carhaix est assurée. L’organisation par régulation fonctionne » indiquant que pour l’instant, il n’y aurait pas de retour à la normale. En réaction, une nouvelle manifestation est appelée le 30 septembre dans la ville bretonne.

Un été marqué par le manque de moyens dans la santé

Mais le fonctionnement précaire des urgences de Carhaix sont loin d’être une exception. Selon une enquête de Samu Urgences de France, 163 services d’urgences ont fermés au moins une fois dans l’été, alors que 166 SMUR (Structures Mobiles d’Urgences et de Réanimation) ont fermé au moins une unité sur cette période.

Face à cette situation, le personnel de plusieurs établissements avait déposé des préavis de grève, comme à Saint-Brieuc, où le sous-effectif pèse lourdement sur les salariés depuis le début de l’été notamment dans les « centres 15 » du département : « on invite les gens à appeler le 15 mais il y a une sur-sollicitation des centres de régulations. On a beaucoup d’appels sans renforts d’effectifs » dénonçaient ainsi des salariés dans les colonnes de France 3.

Face au manque de moyens, un mouvement national de grève illimité dans les centres 15 a été impulsé début juillet et s’est poursuivi tout au long de l’été jusqu’à atteindre la mobilisation de 69 des 100 centres d’appels pour exiger des revalorisations de salaires et un plan d’embauche massif. Des revendications partagées par d’autres salariés du secteur de la santé comme les médecins hospitaliers, qui étaient plus de 50 % en grève à échelle nationale le 3 juillet dernier.

La casse des services publics : une politique macroniste 100 % néolibérale

La dégradation des conditions de travail – et a fortiori des conditions d’accueils des patients – n’est que la conséquence de la politique néolibérale appliquée par le gouvernement Macron depuis son arrivée au pouvoir ; l’été dernier, de nombreux services d’urgences fermaient déjà fautes de moyens et de personnel. Et face à la colère du personnel soignant qui s’accumule, le gouvernement ne promet que des augmentations de salaires ridicules et reste bien silencieux quant aux fermetures de lits et aux suppressions de postes.

Au delà du secteur de la santé, c’est l’ensemble des services publics qui appellent à l’aide face au manque de moyens, en témoigne la rentrée catastrophique dans l’Éducation Nationale marqué par le sous-effectif à tous les niveaux. Face à la casse constante des services publics qui se couple à une inflation grandissante qui précarise des pans entiers de la population, il est urgent de construire une riposte, qui articule des embauches et des moyens massifs injectés dans l’ensemble des secteurs du service public à l’augmentation de tous les salaires d’au moins 400 euros et leur indexation sur l’inflation.


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