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Ils maintiennent la pression

Acte XX : les Gilets jaunes défient les interdictions de manifester

A voir les titres des grands médias, la mobilisation semble avoir marqué le pas. Du « samedi presque calme » du journal Les Echos, à la mobilisation en « nette baisse » du Figaro, on a de nouveau l’impression que la presse dominante reprend la confiance. Pourtant à force de rebondissement des Gilets jaunes, ils avaient commencé à apprendre à ne pas s’enflammer pour si peu : à savoir un 20ème samedi de mobilisation malgré la généralisation des interdictions de manifestations et une mobilisation, en réalité supérieure, à la participation des actes 17 et 18. Non, les Gilets jaunes n’ont rien à prouver.

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Les scènes du Fouquet’s enflammé, les forces de police totalement dépassées. Il y a seulement deux semaines, l’acte 18 avait ouvert une crise majeure au sein de l’exécutif remettant en question sa capacité à maintenir l’ordre. Pour y répondre, l’exécutif a dû ressortir l’artillerie lourde pour sauver la face. D’abord, Macron a appelé l’armée en renfort aux forces de police et a ouvert la voie à une généralisation des interdictions de manifestation et à la multiplication des contrôles préventifs et autres unité anticasseurs. Pour donner de la crédibilité à la démarche, l’exécutif n’a eu d’autre choix que de faire sauter le préfet de Paris, censé être l’un des piliers du maintien de l’ordre dans une situation chaotique. Pour Macron, il fallait faire sauter un fusible sauver le soldat Castaner.

Si du point de vue général, l’acte 19 a marqué un retour relatif à l’ordre notamment à Paris, le verdict était en définitive plus que mitigé. Si « l’ordre » a été relativement maintenu, ce maintien s’est fait avec un coût important à savoir la menace de l’intervention de l’armée mais encore d’interdiction de manifestation qui ont engendré la blessure très grave de la militante de 73 ans Geneviève Legay armé d’un drapeau pour la paix, à la suite d’une charge de CRS. C’est cette séquence qui a empoisonné l’exécutif tout au long de la semaine qui a suivi l’acte 19. Il a été mis en difficulté sur le terrain des violences policières et surtout de ses interdictions de manifester qui se sont démontrés pour ce qu’elles sont une restriction toujours plus importante des droits démocratiques. C’est ce début de crise sur la question des interdictions de manifester qui a obligé Macron, en personne, à prendre position avec le résultat que l’on sait : un nouveau mensonge d’Etat que Mediapart a révélé encore une fois en s’intéressant au rapport policier. En réponse, pour l’acte 20, plusieurs centaines de manifestants ont défié les forces de police à Nice devant leur commissariat. Ils ont exigé que le commissaire responsable des opérations aille en prison.

De la sorte, l’un des enjeux centraux pour le gouvernement de cet acte 20 était de démontrer qu’il est en mesure de normaliser sa nouvelle doctrine du « maintien de l’ordre ». Ainsi, vingt-sept arrêtés d’interdiction ont été établis par les préfectures et à 17h au total 11945 contrôles préventifs de manifestants. A Paris, le ministère de l’intérieur a mis en œuvre un perfectionnement des voltigeurs avec l’apparition de l’unité BRAV-M et ses policiers motorisés matraque à la main. Pour imposer et normaliser ses interdictions de manifestations, les différentes préfectures ont optées pour la rhétorique du chao face aux « casseurs ». L’objectif du procédé est de surestimer les « risques » pour mieux se gausser des résultats. Bordeaux était en « état de siège » et en état de ville morte. A Avignon, lieu de rassemblement nationale de l’acte 20, toute la ville était interdite de manifestation.

Mais, ce qui constitue le principal enjeu pour la prochaine séquence, c’est la manière dont le gouvernement compte répondre politiquement au mouvement des Gilets jaunes, toujours majoritairement soutenu par la population. Ce qui se situe au cœur des préoccupations des éditorialistes, c’est la réponse politique que va apporter le gouvernement. En effet, si les propositions issues du « grand débat » ne réussissent pas à faire rentrer les Gilets jaunes à la maison, le mouvement pourrait bien cour-circuiter la campagne des européennes de Macron. En ce sens, si l’escalade autoritaire et liberticide auront permis un retour au « maintien de l’ordre » avec un cout important, ces dernières n’auront en rien réussi à éroder la détermination des Gilets jaunes. Malgré les 27 interdictions de manifester, plus de 127 000 manifestants selon le nombre jaune, 33 700 selon le ministère de l’intérieur, soit moins que l’acte 19 qui a recensé 40 500 manifestants mais plus que les actes 17 et 18 qui avaient réunis respectivement 28.600 et 32.300 manifestants. La restriction des droits démocratiques avec ses interdictions de manifestations n’y feront rien, les Gilets jaunes continuent à défier Macron.


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