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La droite et le grand patronat à l’offensive

Brésil. Radicaliser la lutte contre le coup d’Etat et l’austérité par la grève et des mobilisations dans tout le pays

Le coup d’Etat institutionnel en cours au Brésil a été orchestré par un secteur ultraréactionnaire de l’establishment politique piloté par le président de la Chambre, lui-même poursuivi pour corruption, Eduardo Cunha, le vice-président Michel Tremer, qui ne vaut pas mieux et dont la côte de popularité avoisine les 1%, et l’un des leaders du secteur évangéliste de la Chambre, Jair Bolsonaro. Epaulés par les médias pro-destitution et le pouvoir judiciaire, ce sont eux qui ont conduit la campagne qui a abouti à l’impeachment. Movimento Revolucionário de Trabalhadores

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Le feu vert a été donné dimanche par la Chambre des députés. Pour des millions de Brésiliens il est désormais clair que tout ceci n’a rien à voir avec la lutte contre la corruption, mais d’un coup de force contre le suffrage universel et contre les quelques droits démocratiques qui ont été conquis par nos luttes. L’opposition veut les attaquer pour se donner les coudées franches pour appliquer une austérité encore plus dure, de façon à faire payer la crise au monde du travail et à la jeunesse alors que nous en subissons déjà les conséquences.
On a vu également comment la stratégie adoptée par les directions du mouvement de masses [à commencer par le principal syndicat, la CUT, lié au Parti des Travailleurs, et par le PT lui-même] consistant à appeler à des mobilisations ou à organiser des concerts, alors qu’au sommet de l’Etat l’ancien président Lula et Dilma Rousseff négociaient avec les partis de droite, alliés jusqu’il y a peu du gouvernement, n’a servi à rien pour battre en brèche le putsch fomenté au Parlement. Aujourd’hui, c’est la même orientation qui est défendue alors que la motion de destitution est arrivée devant les sénateurs. Cette logique s’inscrit dans la continuité de la politique menée par les différents gouvernements du PT [depuis 2003] : chercher à nouer des alliances avec la réaction au nom de la « gouvernance » tout en bridant le mouvement de masse. En intégrant à leurs pratiques d’administration du système capitaliste la corruption, en mettant en œuvre une politique austéritaire sous le gouvernement de Rousseff et en empêchant que les syndicats ne luttent contre les attaques de « leur » gouvernement, le PT a ouvert lui-même la voie à l’offensive qu’est en train de mener la droite.
Il est urgent de radicaliser la lutte contre le coup d’Etat dans tout le pays, en mettant sur le pied de guerre les principaux bataillons de la classe ouvrière de façon à paralyser l’économie, en organisant la mobilisation du mouvement étudiant, des sans-terres et du mouvement des sans-toits à travers tout le Brésil. C’est uniquement en paralysant le pays que nous serons en mesure de faire échec au coup d’Etat et que soit installé à la tête de l’Etat un gouvernement putschiste conduit par Temer et ses amis entrepreneurs, banquiers et réactionnaires qui comptent frapper encore plus dur que ne le faisait jusqu’à présent Rousseff.
Nous ne nous opposons pas au coup d’Etat pour les mêmes raisons que le PT qui prétend défendre la démocratie mais qui, en réalité, défend une démocratie faite de pots-de-vin et d’austérité. Nous nous opposons au putsch en nous plaçant du côté des travailleurs qui rejettent l’offensive de la droite et les attaques anti-démocratiques de la droite qui se cachent derrière l’Opération Lava Jato [à travers laquelle les juges enquêtent sur les pots-de-vin reçus par des membres de premier plan du PT dans le cadre du scandale Petrobras].
Le monde du travail n’entrera en mouvement que s’il est en mesure de lier la lutte contre le coup d’Etat à la lutte en défense de nos droits, contre les attaques austéritaires et les licenciements qui sont actuellement en cours dans tout le pays. Ce plan de lutte pour résister au coup d’Etat à travers la mobilisation indépendante des masses doit également défendre la perspective d’une Assemblée Constituante Libre et Souveraine de façon à attaquer les racines de la corruption, pour que ce soit les capitalistes qui paient la facture de la crise et de façon à faire face aux problèmes structurels du pays.
C’est en ce sens qu’en vue du Premier Mai, journée internationale de lutte des travailleu-se-r-s, le Mouvement Révolutionnaire des Travailleurs appelle tous les salariés, les femmes et les jeunes à participer aux rassemblements organisés par la CUT et la CTB [troisième syndicat du pays], le PSOL [extrême gauche], le Mouvement des Travailleurs sans-Toit (MTST) et le Mouvement Povo Sem Medo [Peuple Sans Peur]. En dépit de l’orientation paralysante que les centrales syndicales pro-gouvernementales comme la Cut et la CTB imposent aux masses, ces rassemblements et ces manifestations seront les seuls contre le coup d’Etat, un élément décisif pour l’évolution à venir du Brésil. 
Nous appelons à mettre sur pied un bloc combatif et indépendant du PT dans le cadre de ces manifestations et qui puissent y participer avec l’objectif non seulement de s’opposer au coup d’Etat mais également de réclamer aux directions présentes un véritable plan de lutte sur la base d’AG à organiser sur les lieux de travail et d’étude. Lutter contre l’impeachment et contre l’austérité, voilà l’orientation que nous défendons sur nos lieux d’intervention et qui a été adoptée par le Syndicat des Travailleurs de l’Université de Sao Paulo (SINTUSP), à l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro ou encore à l’Université de Campinas.
Un tel bloc serait à même de dire que le Premier mai ne doit pas simplement être un jour férié, mais doit permettre de préparer ce plan de lutte. Les organisations qui appellent aux rassemblements du Premier Mai disent que la journée sera l’occasion d’une « Assemblée Populaire du Monde du Travail » sans pour autant que les travailleurs ne soient appelés en tant que tels à se mobiliser sur leurs lieux de travail dans cet objectif. Assez de discours vides ! Une Assemblée Populaire du Monde du Travail devrait être organisée sur la base de délégués mandatés par AG de secteur, ce qui n’est pas le cas. Dans ce cadre, le minimum serait que le Premier Mai permette à tous les secteurs en lutte contre le coup d’Etat et les attaques en cours de prendre la parole. C’est notamment le cas à Rio de Janeiro. Ce serait l’occasion de débattre de la stratégie qu’il nous faut adopter si nous voulons gagner et pour en finir avec l’illusion du dialogue [avec l’opposition] entretenu jusqu’à présent par les directions bureaucratiques.
Un certain nombre d’organisations qui se réclament de l’extrême gauche à l’instar du PSTU ou de certains courants internes du PSOL ont refusé de se positionner contre l’impéachment. A la suite de la ratification de l’impeachment par la Chambre, ces organisations organisent des rassemblements de Premier Mai qui ne prennent pas position contre le putsch réactionnaire. Elles entendent surfer sur la vague de la droite, mais ce faisant, tout en cherchant à entrainer avec elles le monde du travail et la jeunesse, elles creusent leur propre tombe. C’est en ce sens que l’Espace d’Unité d’Action [Espaço de Unidade de Ação, courant interne de Conlutas] ainsi que les syndicats de Conlutas doivent revoir leur politique et mener le combat pour une issue indépendante à la crise que traverse le pays aux côtés de la base des syndicats de la CUT.

Trad. CT


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