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Paris 1- Tolbiac « la rouge » reprend ses couleurs

Contre la loi travail et la répression, la Sorbonne contre-attaque à Tolbiac

Plus de 300 personnes se sont de nouveau retrouvées en assemblée générale ce mardi 22 mars à midi en Sorbonne pour exiger le retrait du projet de loi travail et reconduire la grève à Paris 1. En tentant jeudi dernier de désagréger le mouvement en fermant l'université, la présidence et le gouvernement n'ont fait que provoquer l'extension et la structuration du mouvement au Quartier latin. Après l'AG, les étudiants de Paris 1, rejoints par d'autres universités, des lycéens, des postiers et des cheminots, ont contre-attaqué en se rassemblant devant Tolbiac et en le repeignant rouge pour dénoncer la violente répression policière de jeudi dernier. Ivan Matewan

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Un peu avant 11h, des centaines d’étudiants étaient déjà assis dans les bancs de l’amphithéâtre Descartes en Sorbonne, attendant le début de l’assemblée générale. C’est la première assemblée générale de cette sorte qui se tient dans le centre universitaire historique et hautement symbolique depuis au moins la fin des années 2000. A l’ordre du jour, un débat sur la loi travail, une réflexion sur les revendications, sur l’extension et la poursuite du mouvement.


Le bal a été ouvert par une série de compte-rendus de la mobilisation depuis la dernière AG et d’interventions qui ont montré les possibilités de coordination et de convergence qui existent aussi bien localement que nationalement. La parole était d’abord aux doctorants de Paris 1 qui sont actuellement en lutte pour faire reconnaître leur statut de travailleur à l’université. A leur quatrième AG qui s’est tenu jeudi dernier au soir,ils ont voté la grève du 24 au 31 mars, ce qui impliquera, de leur côté, de ne pas faire cours, ne pas comptabiliser les absents et retenir les notes.

Ensuite, c’était à Alice, étudiante présente lors de la répression, de raconter les violences policières réalisées jeudi dernier à l’encontre des manifestants rassemblés devant Tolbiac pour dénoncer sa fermeture. « Il faut dénoncer le triple discours du président » a-t-elle martelé. Triple discours qui consistait, dans un premier temps, à défendre le maintien des cours car ceux-ci ne sauraient être « banaux » ni « banalisés » dans notre université ; dans un deuxième temps, à annuler tous les cours en fermant Tolbiac, René Cassin, le Panthéon et la Sorbonne par souci de préserver la sécurité « des biens et des personnes » ; dans un troisième et final temps, à autoriser les CRS à rentrer dans l’université pour réprimer et violenter celles et ceux qui n’acceptaient pas la manœuvre de la présidence.


L’assemblée générale a ensuite accueilli une délégation des étudiants brésiliens avant d’écouter des étudiants de l’ENS et de Paris 4 qui ont proposé une coordination plus étroite entre les différentes universités du Quartier latin afin de décupler nos forces et notre capacité d’agir collective.

Des piquets de grève mis en place pour faire grossir le mouvement


Le débat en tant que tel a été riche en réflexions. Les prises de parole ont donné largement leur place aux étudiants non organisés. Plus d’une vingtaine de revendications ont été inscrites au tableau au cours des interventions. Parmi elles, on pouvait retrouver notamment le retrait sans négociation de la loi travail, le partage du temps de travail sans baisse de salaire, un CDI pour tous et l’indexation des salaires sur le cours des prix. Se retrouvant confrontés jeudi dernier pour la première fois à l’état d’urgence en action, d’autres interventions ont insisté sur la nécessité d’exiger la levée immédiate de l’état d’urgence et le retrait de la réforme de la procédure pénale visant à augmenter l’impunité des policiers. D’autres encore ont cherché à inscrire ce mouvement dans le temps long, en proposant l’abrogation de l’ANI ou des réformes universitaires qui ont mis l’enseignement supérieur et la recherche encore plus au service des patrons comme la loi Fioraso et la LRU. Cette plate-forme de revendication sera soumise à la prochaine AG pour approbation.

En fin d’assemblée générale, la grève a été reconduite avec une large majorité. Si les questions de l’occupation et du blocage des espaces universitaires ont fait débat, ce sont finalement les deux modalités d’action qui ont été adoptées par les étudiants mobilisés. Quoi qu’il en soit, l’enjeu reste à l’heure actuelle d’étendre la mobilisation. Loin d’une sorte d’entre-soi parmi les personnes les plus mobilisées, le blocage et l’occupation doivent maintenant servir à entraîner plus d’étudiants dans le mouvement, en permettant d’empêcher le contrôle des absences et en ouvrant des espaces au sein de l’université pour l’épanouissement du mouvement. Il reste encore des centaines, voire des milliers d’étudiants à convaincre de se mobiliser, parmi lesquels un grand nombre est d’ores et déjà contre cette loi.

Les universités mobilisées contre-attaquent à Tolbiac et Paris 7


Vers 16h30, des centaines d’étudiants de Paris 1, Paris 4, Paris 6, Paris 7, Paris 8, Nanterre et Sciences Po se sont rassemblés devant Tolbiac pour dénoncer la répression administrative et policière de jeudi dernier.Cette action a été la première de son genre à être organisée par la coordination francilienne étudiante. A travers cette action, les murs de la fac ont été repris : des banderoles ont été pendues sur la grille devant le centre et ses murs repeints rouges pour rappeler les luttes passées qui l’ont animé.

Des étudiants ont pris la parole pour dénoncer la présidence et la direction de Tolbiac et demander leur démission car sans leur autorisation explicite, les CRS n’auraient jamais pu rentrer dans la fac. Un représentant de l’UL CGT 13ème, un postier du 92 et des lycéens étaient également présents. Leur présence a envoyé un message fort à l’administration et au gouvernement : les étudiants et travailleurs sont de plus en plus unis contre leur loi et leur répression !

A la suite de cette action réussie, qui marquait pour la première fois la capacité des facs mobilisées à se coordonner autour d’objectifs communs, plus de 300 étudiants ont décidé de partir en manifestation vers Paris 7, pour protester contre la présidence qui refuse salles et amphi aux étudiants pour s’organiser, ainsi que la banalisation des cours.

Le cortège, joyeux a interrompu la circulation, et a avancé jusqu’à l’esplanade du site des grands moulins de Paris 7, suivi par plus d’une dizaine de fourgons de CRS. Arrivé sur le site, alors que la jonction se faisait avec les étudiants mobilisés de Paris 7- Diderot, les forces de répression ont commencé à se déployer, trop rapidement pour permette au cortège de s’échapper. Encerclés, pour une bonne partie d’entre eux, pendant plus de 40 minutes, les étudiants ont finalement été évacués sous escorte jusqu’au métro Bibliothèque François Mitterrrand. Une tentative d’intimidation qui, encore une fois, n’a fait que renforcer la détermination des étudiants mobilisés, qui rencontraient mètre après mètre le soutien de riverains, des passants, dont de nombreux jeunes. Au total, une grosse réussite. Après cette fin d’après midi offensive, une partie des présents sont retournés à Tolbiac pour commencer l’occupation de l’amphi N, qui est en cours en ce moment même.

Une nouvelle assemblée générale se tiendra jeudi matin à Tolbiac. D’ici là, vous pouvez également suivre l’évolution locale du mouvement sur le nouveau blog du comité de mobilisation, Le Printemps de Paris 1.


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