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Black lives matter !

Etats-Unis. Contre l’escalade des crimes policiers et l’impunité de la police

Lili B. Les nombreux cas de violences policières qui ont récemment eu lieu aux Etats-Unis démontrent que la police n'est pas prête d'en finir avec son escalade meurtrière. A deux jours d'intervalles ce sont en effet deux afro-américains que celle-ci a abattus. Ces morts brutales, qui touchent encore une fois la population noire américaine, ont mis le feu aux poudres, réveillant la colère qui s'est récemment exprimée dans le mouvement Black Lives Matters, et relançant le débat sur les violences policières et sur le racisme d'Etat.

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Etats-Unis : nouvelle escalade de crimes policiers

L’escalade de violences et de crimes policiers qui a lieu aux Etats-Unis continue de sévir ! A deux jours d’intervalles, ce sont deux afro-américains qui ont été abattus par les forces de l’ordre.

Jeremy McDole, jeune afro-américain de 28 ans, paralysé et se déplaçant en fauteuil roulant a été abattu le 21 septembre. Cette fois-ci les policiers justifient leur crime en mettant en avant le fait que Jeremy McDole n’aurait pas obéit à l’ordre de lever les bras et de jeter son arme. Cependant les témoins de la scène sont unanimes : McDole ne représentait aucun danger, il aurait pu être neutralisé sans être tué : « c’est injuste ; il était dans un fauteuil roulant, paralysé de la taille aux pieds » a témoigné sa mère, ajoutant « on voit bien dans cette vidéo qu’il n’a pas tenté de sortir d’arme à feu ». La vidéo appuie en effet cette version et les propos de son oncle : « cela n’était qu’une exécution ».

Un jour avant lui, c’était au tour de Keith Lamont Scott, afro-américain de 43 ans, d’être abattu par les forces de l’ordre. Selon la police, il serait sorti d’un véhicule avec une arme à feu. Quand des officiers se sont approchés, il aurait « constitué une menace fatale pour les policiers, qui ont tiré ». La version diffère cependant chez les proches et la famille, qui prétendent que Keith Lamont Scott n’était pas armé.
Suite à cet énième crime policier, la colère s’est légitimement faite ressentir et la contestation a éclaté dans la ville de Charlotte, en Caroline du sud, où pendant plusieurs soirs, des centaines de personnes se sont réunies afin de pointer la responsabilité de la police dans ce qu’ils appellent une énième « bavure » à l’encontre de la communauté noire. Cette contestation sociale a conduit le gouverneur de l’Etat de Caroline du Nord à décréter l’état d’urgence et à appeler un renfort des militaires de la Garde nationale.
Une manifestation appelée par la NAACP, la plus grande organisation de défense des Noirs aux Etats-Unis s’est également tenue à Atlanta, regroupant des centaines de personnes.
Tandis que les versions de la police et des proches diffèrent, notamment sur le fait que Keith Lamont Scott portait une arme ou non, la police refuse de montrer les images vidéos de sa mort.

Ces nouveaux meurtres policiers, qui touchent de manière brutale la population afro-américaine, a relancé le débat national sur les abus des forces de l’ordre à l’égard des Noirs américains, et plus généralement sur le racisme structurant la société américaine, qui s’exprime de manière exacerbé à travers l’institution policière.

Accroissement des meurtres policiers à l’encontre d’afro-américains : l’expression d’un racisme structurel

Le rapport des afro-américains, mais également des autres minorités « raciales », comme les latinos, avec l’institution policière, entre répression, meurtres policiers, taux d’incarcération élevé, est l’expression d’un racisme structurant propre à l’ensemble de nos sociétés. Mais bien plus que cela, l’institution policière, à travers le traitement qu’elle inflige aux populations racisées, nourrit, cristallise et pérennise le racisme qui structure nos sociétés. En effet l’institution policière mais également l’institution carcérale et la justice de classe sont autant d’outils légaux et institutionnels qui permettent à l’ordre social raciste (et à tous les avantages et profits qu’il engendre) de se perpétuer.
Ainsi l’institution carcérale et sa population qui abrite de plus en plus de personnes racisées, du fait de la criminalisation de la pauvreté et des formes de racialisation du crime, qui ont tendance à imputer le crime à la couleur, et l’institution policière et ses pratiques, entre profilage racial aux Etats-Unis, qui sont des procédures officielles conçues pour augmenter le nombre d’arrestations de latinos et d’afro américains, ou bien ce qu’on appelle en France le contrôle au facies, permettent de maintenir le racisme interne à nos sociétés.
Il semblerait cependant que cette institution policière et sa nature soit de plus en plus remise en cause, ce qui s’explique notamment par l’état de crise que nos gouvernements actuels traversent.

La police : une institution en perte de légitimité ?

Le tournant de plus en plus autoritaire, raciste et répressif que nos gouvernements respectifs prennent, a engendré un fort sentiment de contestation sociale et de rupture avec la politique institutionnelle, qui se traduit notamment par une forte rupture avec l’une des institutions structurant nos sociétés : la police. En effet, du fait de l’accroissement de la répression et des violences policières vis-à-vis des personnes racisées, mais du fait également que celles-ci se soient récemment invitées dans le quotidien de personnes qui ne les subissaient pas habituellement, comme celles mobilisées ce printemps dans le mouvement contre la loi travail, la tension et la colère se font vives, se cristallisant dans des mouvements de contestations importants. Le mouvement Black Lives Matter mais également toute la mobilisation autour d’Adama Traoré, et celle contre la loi travail, marquée par des slogans comme « Tout le monde déteste la police », témoignent de cette rupture entre l’institution policière et une partie de la population, qui n’a plus d’illusion sur le rôle de la police et de son lien avec l’Etat. Ainsi dans ce contexte de rupture, la dénonciation des violences policières et de la répression d’Etat trouvent un écho important. Cela s’est notamment illustré à travers l’affaire de Guillaume Vadot, qui a eu un large écho médiatique. Si écho médiatique il y a eu c’est certes, d’une part grâce à sa position sociale, en tant qu’homme blanc enseignant à la Sorbonne, mais également du fait de cette rupture qui fait qu’aujourd’hui, nombreuses sont les personnes prêtent à discuter et à dénoncer ces violences d’Etat. Il est important que cette volonté de dénonciation et cette colère sociale se cristallisent dans une lutte concrète visant à combattre les violences étatiques et policières. Le meeting organisé demain à Paris I : « Contre la répression policière, le racisme, l’islamophobie faisons front » est une échéance qui peut permettre cela, avec la constitution d’un front commun dénonçant l’ensemble des violences policières : les violences systématiques et quotidiennes que subissent les personnes racisées et issues des quartiers populaires, bien trop invisibilisées, les violences et la répression à l’égard de manifestant.e.s contestant l’ordre social, des migrant.e.s, des travailleur.es combatif.ves...


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